La présence d’un passé omniprésent n’est pas passée (Mc Solaar)

On l’attendait le deuxième long métrage de Nicolas Bedos. Pour voir comment il allait placer ses cadres, pour deviner les mises en abyme de son histoire personnelle entre deux plans et pour constater s’il oscille toujours aussi bien entre rires et émotions.La Belle Époque ne dément pas ces attentes et a l’audace de nouvelles propositions dramatiques. On ne peut qu’aimer le cheminement de Victor, choisissant de revivre le meilleur moment de sa vie grâce à une entreprise jouant sur la reconstruction hyper-réaliste des moments choisis. Sa façon de détourner le concept ( en incluant sa propre vie dans l’expérience) va chambouler l’organisation du dispositif. Victor est un peu le trouble-fête dans cette mécanique se voulant huilée et toute puissante. Son attitude est jubilatoire. Daniel Auteuil, qu’on avait pas vu aussi en forme depuis longtemps, s’ingénue à balancer des pavés dans la mare, pour rendre justice aux dialogues envoyés et incisifs de Bedos. Et les prestations de Guillaume Canet, de Fanny Ardant et de Doria Tillier sont également formidables. On adore l’analyse du couple à travers les relations Victor/Marianne et Margot/Antoine qui montrent qu’à tout âge, passions et déraisons s’interpellent et se répondent.De plus, Nicolas Bedos à ce sens du rythme où il aime entrechoquer fracas et ruptures. C’est une mécanique assez chouette à observer et de se dire putain, il a osé faire ça! Cette scène où il imagine une Margot mère de famille pour faire revenir Victor à la réalité est assez représentative du Chaud/ froid distillé par le réalisateur.Je ne me suis jamais ennuyé sur le film et ai adoré son éventail de points de vue prouvant que la présence omniprésente d’un passé n’est pas passée. Pour Victor et pour nous tous.Car nos souvenirs nous habitent, nous revisitent et nous façonnent en permanence.

Specliseur
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Un film en 2019 et Les meilleurs films français de 2019

Créée

le 8 nov. 2019

Critique lue 2.1K fois

18 j'aime

2 commentaires

Specliseur

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

18
2

D'autres avis sur La Belle Époque

La Belle Époque
EricDebarnot
7

Ready Player Two

Personnellement, je ne sais rien de Nicolas Bedos (fils de... ?), même si j'ai cru comprendre qu'il s'agit de quelqu'un qui n'a pas très bonne réputation. Pourtant, à voir son "La Belle Epoque", j'ai...

le 19 nov. 2019

91 j'aime

13

La Belle Époque
guyness
5

Docteurs Feelgood

Il est deux ou trois catégories de films qui semblent devoir souffrir de défauts d'écritures récurrents, et qui ont le don, au fil des années, de m'énerver de plus en plus. Parmi ces genres, le...

le 16 mars 2020

43 j'aime

16

La Belle Époque
Behind_the_Mask
8

Se souvenir des belles choses

Entre Nicolas Bedos et moi, le courant n'est jamais réellement passé. Si je l'avais trouvé pas mal dans des films comme Populaire ou Amour et Turbulences, où il ne faisait que l'acteur, sans s'être...

le 15 nov. 2019

37 j'aime

1

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

25 j'aime

3

#JeSuisLà
Specliseur
7

La destination plus que le voyage

Jesuislà est un film retors car les vingt premières minutes du film ne vous préparent volontairement pas à ce qui va suivre. En effet, le spectateur a tout juste le temps de se baigner dans la vie de...

le 7 févr. 2020

19 j'aime