On l’attendait le deuxième long métrage de Nicolas Bedos. Pour voir comment il allait placer ses cadres, pour deviner les mises en abyme de son histoire personnelle entre deux plans et pour constater s’il oscille toujours aussi bien entre rires et émotions.La Belle Époque ne dément pas ces attentes et a l’audace de nouvelles propositions dramatiques. On ne peut qu’aimer le cheminement de Victor, choisissant de revivre le meilleur moment de sa vie grâce à une entreprise jouant sur la reconstruction hyper-réaliste des moments choisis. Sa façon de détourner le concept ( en incluant sa propre vie dans l’expérience) va chambouler l’organisation du dispositif. Victor est un peu le trouble-fête dans cette mécanique se voulant huilée et toute puissante. Son attitude est jubilatoire. Daniel Auteuil, qu’on avait pas vu aussi en forme depuis longtemps, s’ingénue à balancer des pavés dans la mare, pour rendre justice aux dialogues envoyés et incisifs de Bedos. Et les prestations de Guillaume Canet, de Fanny Ardant et de Doria Tillier sont également formidables. On adore l’analyse du couple à travers les relations Victor/Marianne et Margot/Antoine qui montrent qu’à tout âge, passions et déraisons s’interpellent et se répondent.De plus, Nicolas Bedos à ce sens du rythme où il aime entrechoquer fracas et ruptures. C’est une mécanique assez chouette à observer et de se dire putain, il a osé faire ça! Cette scène où il imagine une Margot mère de famille pour faire revenir Victor à la réalité est assez représentative du Chaud/ froid distillé par le réalisateur.Je ne me suis jamais ennuyé sur le film et ai adoré son éventail de points de vue prouvant que la présence omniprésente d’un passé n’est pas passée. Pour Victor et pour nous tous.Car nos souvenirs nous habitent, nous revisitent et nous façonnent en permanence.