C’est si beau quand on se promène au bord de l’eau…

Présenté en version restaurée et avec le final cut voulu par son metteur en scène, La Belle équipe sorti en 1936 démontre tout le talent de Julien Duvivier. Ecrit avec la complicité de Charles Spaak, c’est un film qui explique le succès du cinéaste s’étalant de l’Avant jusqu’à l’Après-guerre pendant de si longues décennies.


L’histoire narre celle en France de cinq amis chômeurs dont un réfugié espagnol qui gagnent un jour à la loterie. Après réflexion, ils décident de rester ensemble et d’ouvrir leur propre restaurant en mettant leur cœur à l’ouvrage. Mais il y a très vite des départs pour diverses raisons, et ce n’est que le début…


La caméra de Julien Duvivier est en harmonie avec la performance des acteurs. C’est à travers de lents travellings et de zooms patients que notre histoire prend forme. La variété de la position de la caméra est fluide et le jeu fondé sur le geste et la grande éloquence est juste. La distribution est énorme. Jean Gabin nage dans l’un de ses premiers rôles pour notre plus grand plaisir. Il s’agit d’un médiateur qui bouffe l’écran. De même, Charles Vanel est bon et Raymond Aimos splendide. Les personnages sont solides.


Digne traducteur filmique de l’œuvre de Zola, Julien Duvivier fait transparaitre avec réalisme l’esprit de camaraderie, véhiculé à l’époque par le Front Populaire. De par des éléments aussi évident que l’accent parisien ou le talent de ses acteurs à l’origine de personnages simples, La Belle équipe est l’un des plus beaux films du répertoire des années 1930 et du Cinéma français.


Après l’avoir vue, la fin imposée de tendance optimiste ne va pas avec le reste. L’autre version maintenant dans les films remasterisés désirée par Duvivier est beaucoup plus saisissante.


Celle-ci correspond bien à la mode des fins tragiques comme dans Le Quai des Brumes de Marcel Carné.


Une fin ici tout aussi éblouissante. A l’image de la fameuse chanson « quand on se promène au bord de l’eau… » récitée par Jean Gabin si belle et entraînante mais dramatique lorsque l’on connaît la fin.


Duvivier illustre bien le départ insouciant pour finalement aborder la douloureuse désillusion.


Le film est riche dans son contenu en étant à la fois drôle et émouvant. Ce film est une aventure ! Un chef d’œuvre !

Irénée_B__Markovic
9

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Créée

le 18 oct. 2016

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Ikarovic

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