Sur la forme, le film est Julien Duvivier est le reflet d'une époque dure mais pittoresque: l'ouvrier parisien, les guinguettes du bord de Marne, la langue de Paname tiennent un place prépondérante. Le début du film a le ton de la comédie; la belle équipe de copains vit, avec une certaine désinvolture, du chômage, de l'amitié masculine et de l'entraide, et même un gain à la loterie ne la sépare pas. Au contraire, ensemble, ils investissent et bâtissent une guinguette avec l'enthousiasme de l'ouvrier affranchi. Période idyllique bientôt contrariée par de purs éléments de mélodrame.
A cet égard, on ne saurait dire si l'approche de Duvivier (et de son co-scénariste Charles Spaak) participe du mouvement réaliste évoquant la condition prolétarienne des années 30 ou si elle est d'essence romanesque. Car il y a une certaine complaisance dans l'accumulation des aléas qui déterminent l'échec de la belle équipe,
décimée par une amourette, une expulsion du territoire, un accident et, surtout, par l'action d'une garce,
véritable femme fatale des faubourgs parisiens. Le drame semble alors un peu artificiel, voire pathétique, mais les personnages sont attachants et le ton populiste a conservé un certain charme.
A noter que le film a été tourné avec deux fins, l'une dramatique (d'origine), l'autre "optimiste" comme on a dit à l'époque.