« Une année, un film » : La Belle Equipe, réalisé par Julien Duvivier et sorti en septembre 1936.


Revenons en France pour voir l’un des classiques de l’avant-guerre, La Belle Equipe. Dans un pays durement frappé par la crise, cinq amis se serrent les coudes en vivant comme ils peuvent. De plus, l’un d’entre eux est menacé d’expulsion, ce qui n’arrange pas les affaires de la petite équipe. Heureusement, un jour, ils découvrent qu’ils ont gagné à la loterie. Ils imaginent déjà réaliser leurs propres rêves, quand ils décident finalement de rénover ensemble un vieux lavoir de banlieue en ruine, et d’en faire une guinguette.


La Belle Equipe illustre les aspirations d’une société frappée par la crise, mais aussi celles d’un groupe d’amis inséparables qui ont chacun leurs rêves et doivent chaque jour faire face à la réalité. L’argent est le moteur de ce film, l’élément perturbateur qui va faire basculer nos camarades de la routine au rêve, ainsi qu’au cauchemar. Dans un premier temps, ils veulent chacun réaliser leurs rêves de leur côté, mais ils se rendent compte que l’union fait la force, alors ils choisissent de tout garder en commun, car cela représente une somme plus importante, mais ils réalisent surtout que l’amitié doit perdurer avant tout.


Dans un film d’abord plein d’entrain, Duvivier nous fait partager l’optimisme de ses héros, jeunes et moins jeunes, qui retrouvent la flamme, à une époque où le Front Populaire prenait place aux plus hautes instances de l’Etat. Pourtant, il n’y a pas de marée sans vague, et La Belle Equipe vient vite nous rappeler à quel point les espoirs et la vie sont extrêmement fragiles et qu’il faut s’y accrocher de toutes ses forces, au risque de détourner le regard et de chuter.


L’argent et le destin divisent, en bouleversant l’équilibre d’une fine équipe qui, finalement, ne trouvait de bases solides que dans la précarité dans laquelle elle existait, devant lutter face à elle, et se renforçant en conséquence. La Belle Equipe est un film d’une justesse rare, portée par des acteurs attachants, dont notamment un Jean Gabin parfait, leader tout désigné de cette belle équipe. C’est un film qui fait réfléchir, qui n’est pas foncièrement pessimiste, mais extrêmement réaliste. Pour la petite anecdote, le gouvernement de l’époque avait demandé à ce qu’une nouvelle fin soit éditée, jugeant la fin d’origine trop pessimiste. Je n’en dirai point plus, si ce n’est que La Belle Equipe est une belle réussite.


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le 21 avr. 2015

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