Il est difficile de ne pas avoir certaines appréhensions face à un film qui semble sortir d'une autre époque, lointaine et mystique. Surtout à mon jeune âge, où jamais auparavant on ne m'a inculqué le goût du cinéma en noir et blanc et des grands réalisateurs.
J'ai eu l’occasion de visionner un extrait emblématique, lors d'un cours de français il y a plusieurs années déjà. Celui où la bête propose pour la première fois à la belle sa requête, tout à fait incongrue pour une première approche, mais qui peu à peu se place comme une évidence.
Et je me rappelle avoir ris en constatant que la bête ressemblait plus à un chat accidenté qu'à un monstre tel qu'on peut le concevoir. J'avais cela-dit déjà compris à l'époque que je n'avais pas la maturité nécessaire pour apprécier un tel film.
C'est ainsi, que je me suis récemment lancée dans le visionnage complet de ce chef-d’œuvre, et quelle belle expérience!
Le travail de Jean Cocteau pour ce film est tout simplement fantastique. Tout semble si poétique, si mystifié. On est comme emporté dans le conte originel de Madame LePrince de Beaumont.
Ce film permet de constater le talent indéniable de Jean Marais qui interprète la bête à merveille. Les premiers instants dans le château de la bête sont amenés avec finesse, il intrigue, dérange. Les plans sont longs et insistants pour bien marqué la démesure du maléfice qui y règne.
L’œuvre est très bien construite, au début tout comme la belle, on ressent de la peur et du dégout face à ce personnage, et petit à petit, au fils des différentes scènes, on apprend à avoir de l'empathie pour cette pauvre bête, sur qui la solitude pèse. Tout est amené en douceur, avec beaucoup de minutie, ce qui suit à la trace les sentiments que développent la Belle, qui à la fin ne l'appellera plus "la bête" mais bien "ma bête".
Ce film est en mon sens, la meilleure adaptation du conte qui est faite à ce jour, et prouve la grandeur d'esprit de notre très cher Jean Cocteau.