La Belle et la Bête est le dernier film réalisé par Christophe Gans, suite plutôt logique quand on connaît ce qu'il a fait auparavant. Je parle notamment de Crying Freeman et du Pacte des Loups. La Belle et la Bête est donc pour lui un nouveau terrain de jeu, de quoi expérimenter de nouveaux horizons tout en gardant la technique que l'on lui connaît. Du côté visuel, Gans le fait plutôt bien. Il nous plonge dans un univers totalement féerique, abondé de couleurs et de poésie. Un atout bien exploité et auquel nous ne sommes pas forcément habitués venant de nos français. Et ce avec un budget assez mince. En effet, ce genre de rendu est bien plus courant chez nos amis les américains, avec leurs énormes blockbusters commerciaux, je pense particulièrement à Alice au Pays des Merveilles et au Monde Fantastique d'Oz. Gans, de son côté, exploite très bien son budget.
Maintenant, voilà ce qui pèche pour moi. Les acteurs, pour la plupart, livrent une prestation complètement médiocre. Cela manque cruellement de crédibilité, tout ou presque est surjoué. Léa Seydoux fait petite peste manipulatrice. Je trouve qu'elle passe à côté de son rôle ; elle est trop frêle, trop banale et trop blonde. Et pourtant, je ne doute pas une seconde des ses talents d'actrice. Elle ne m'a pas plu, c'est tout. Le lien entre la Bête et elle est trop creux et survolé. Le personnage de Perducas (Eduardo Noriega) est futile malgré "l'importance" de son rôle, je le trouve inintéressant et simplet ; quant à sa bande, n'en parlons pas. Pareil pour la famille de Belle, on est trop réticent face au jeu d'acteur des frères et trop habitué à voir Audrey Lamy ailleurs. A mes yeux, seul Vincent Cassel en vaut la peine en Bête monstrueuse. Il ne dégage pas non plus l'émotion de Jean Marais dans le film de Jean Cocteau mais se dégage largement du reste, et sa voix en jette. Dernière chose, les petites créatures du château font toc et peinent à trouver leur vraie place dans le film. Elles errent bêtement et tentent en vain de rajouter de la fantaisie au film. Mais tout cela n'engage que moi après tout.
Au final, La Belle et la Bête est un film audacieux ; une adaptation libre et visuellement splendide, mais trop linéaire, qui manque sérieusement de cohérence et de mystère. Le tout servi par des acteurs généralement absents, perdus devant cette féerie omniprésente. Le film est malheureusement bien en dessous de ce qu'il aurait dû être.