Catastrophe industrielle sans équivalent en 2014 (au XXIème siècle? ), la version du "conte classique" (de Mme Leprince de Beaumont) "la Belle et la Bête" que nous propose le regretté Christophe Gans (regretté, car désormais définitivement mort aux yeux de tous les anciens fans de Starfix, dont je fais partie, ou au moins en état de mort cérébrale) cumule de manière hallucinante les défauts les plus rédhibitoires, au point que le spectateur accablé n'ose même plus en rire. Car comment pardonner cette laideur de l'image qui dépasse les pires kitscheries hollywoodiennes, au point que regarder certaines scènes risque de rendre fou ? Comment ne pas pleurer des larmes amères devant un scénario d'une niaiserie abyssale (la palme revenant aux géants de pierre faisant une brillante apparition dans la dernière partie) ? Comment ne pas avoir envie de hurler devant l'interprétation crasseuse de l'ensemble des comédiens, chacun tentant d'être plus ridicule que l'autre ? D'un Noriega irrémédiablement à côté de la plaque à un Cassel encore plus mauvais que d'habitude (et c'est peu dire...), en passant par une Léa Seydoux à la fausseté caricaturale et à un Dussollier ridicule pour la première fois de sa longue carrière, Gans réussit le pari d'être le pire directeur d'acteurs de l'année. Et l'on peut poursuivre la liste des horreurs : la vacuité aberrante des personnages dont les comportements rivalisent d'incohérence, les effets digitaux sans doute réalisés en Albanie pour cinquante et un euros (ouaouh, la tronche de chaton en carton accidenté de la Bête), les bébêtes mignonnes (à vomir) qui ne servent à rien, etc. etc. Loin de la beauté vénéneuse de Cocteau, trahissant tout le sous-texte psychanalytique du conte originel, louchant vers la niaiserie sucrée de Disney sans en avoir le sens le plus élémentaire du divertissement, ce film n'est ni plus ni moins que l'une des pires choses jamais réalisées depuis la naissance du cinéma. [Critique écrite en 2015]