La Belle et la Bête 2 : Le Noël enchanté fait partie de la première vague des suites de classiques Disney dont la sortie se fera essentiellement pour le marché de la vidéo entre la moitié des années 1990 et celle des années 2000. Avec des résultats qualitatifs assez divers mais surtout un accueil critique assez dur, parfois injuste, face à ces productions qui ne cherchaient pas à rivaliser avec les classiques dont il était question.


La version animée de La Belle et la Bête ayant été un beau succès peu de temps avant, il était donc assez sensé de tenter de profiter de son aura encore resplendissante. Sa clausule apportait une conclusion satisfaisante, elle rangeait ses jouets magiques, il était donc difficile de lui offrir une continuité étendue.


La suite décide donc de se passer après la fin du premier, quand le Château et ses occupants ont repris une vie normale, mais en opérant un retour en arrière, qui va permettre de retrouver ses personnages sous forme d’objets anthropomorphisés et son décor délabré et abandonné. A un moment bien particulier, tournant du film, quand la Belle accepte son syndrome de Stockholm, se passionnant pour ce monde reclus et maudit mais à l’étincelle de magie toujours présente. Tandis que la Bête reste cette créature parfois terrifiante, mais adoucie par la présence de la Belle, toujours bougon mais alors faillible.


Le procédé est classique, et en se plongeant dans le passé la narration va évoquer le Noël précédent, quand Belle et ses alliés vont tenter de faire revenir la célébration dans un lieu où la fête n’est pas autorisée, rappelant à la Bête de mauvais souvenirs. Le premier évoquait déjà cette pulsion de vie qui n’attendait que Belle pour éclore ; en utilisant Noël le téléfilm ajoute une étape en plus sans que l’insertion ne gêne pas l’histoire du film de 1991.


Cette quête de Noël n’apparait donc pas si insignifiante, agitant tout le château, pour l’organiser en cachette ou pour mieux le contrecarrer. L’une des difficultés est toujours le caractère difficile de la Bête, mais est doublée par une autre menace, cette fois-ci depuis les murs du château, en ajoutant un nouveau personnage. Jadis musicien dédaigné de la cour, Maestro Forté devenu orgue pédant et grandiloquent se plaît de sa situation actuelle, le Maître écoutant maintenant ses compositions tourmentées et sinistres. Il ne veut pas de la magie de la Noël et encore moins que Belle et la Bête se rapprochent, brisant la malédiction qui ferait revenir le lieu et ses occupants à la situation d’avant. Comme tout bon méchant de ces années qui pourrait être trop inquiétant, il est assisté d’un compagnon qui contrebalance sa noirceur,Fifre, petit instrument de musique ridicule, qui fera sourire les enfants.


Si la suite reprend donc la majorité des personnages précédents, dont Belle, compatissante mais obstinée si besoin, la Bête, tête de mule un peu perdue, et ses domestiques animés, le fantasque Lumière, le rigide Big Ben, l’aimable Miss Samovar ou l’espiègle Zip, sans sacrifier leurs personnalités, il ajoute quelques nouvelles têtes. Dont Angélique, ancienne décoratrice du château, transformée en décoration de Noël et désabusée face aux espoirs de Belle et des autres dans leurs tentatives de recréer cet esprit des fêtes depuis longtemps perdu. Une chaudière et ses occupants permet aussi de découvrir un nouveau lieu dans la cartographie du châteaue t de nouveaux personnages.


Mais en retrouvant ce monde enchanté, dont le premier film donnait à supposer un environnement gigantesque mais ne laissait découvrir que quelques pièces, on n’ouvrira guère de nouvelles portes. Et les quelques salles et espaces présents n’ont pas la beauté du premier film, ni dans son décorum décrépit et maudit, ni dans ses habits de fêtes. La suite rappelle sa condition, celle d’être un téléfilm, de ne pas bénéficier du même budget et devoir aller à une certaine forme d’économie. La magie du lieu en souffre un peu, perdant de son luxe dans ses arrière-plans.


Pour autant, le film arrive à être un peu plus réussi dans son animation, plus sobre mais fonctionnelle. Lumière ou Big Ben ne manquent pas de vie, les expressions de la Bête sont soignées, parfois même réussies, mais c’est moins le cas pour Belle, dont les expressions du visage ne semblent pas régulières. Avec un personnage humain animé, il est plus difficile de rester fidèle tout le long, le moindre écart se voit plus facilement.


Le film est visuellement sans grands éclats, sans passages éblouissants, mais malgré tout efficace. C’est un produit en 4/3, pour l’écran cathodique, l’action est toujours centrée, les personnages au centre et peu nombreux, sans grandes perspectives. Tout doit être lisible même sur les petites télévisions. L’inclusion de Maestro Forte en créature de synthèse se remarque, mais ne gêne pas vraiment, lui permettant une plus grande expressivité. Cette suite tente même de faire oublier ses limitations par quelques idées plus originales, à l’image de cette séquence avec ses gravures et enluminures qui rend hommage à la littérature de jeunesse dont le conte originel est rattaché, ou des créations de Maestro Forte, en traits lumineux dessinés assez réussis.


La suite incorpore même quelques nouvelles chansons, et alors qu’elles sont le plus souvent traitées par dessus la jambe dans ce genre de téléfilms Disney, elles se révèlent ici assez bonnes. Notamment pour le vaillant Tant qu’il y aura Noël ou C’est bête l’amour, contre-chanson romantique de Maestro. La bande son est signée Rachel Portman, qui avait obtenu l’Oscar de la meilleure musique de film en 1996 avec Emma.


Le doublage français du méchant est d’ailleurs très bien, avec le mythique Richard Darbois qui donne de la voix grave et hautaine. Le tout aussi grand Tim Curry est en charge de la version originale. L’équipe de doubleurs français du premier est d’ailleurs quasiment la même ici, même s’il m’a semblé que la conviction était peut-être moins présente, le doublage reste tout de même agréable à l’oreille.


La Belle et la Bête 2 est le premier film de Walt Disney Animation Canada, Inc., éphémère studio de Disney qui ne subsista que 4 ans. Et en prenant connaissance de cette inexpérience et des limites de leur budget, certaines des faiblesses du film s’excusent d’elle-mêmes. L’essentiel est ailleurs, de nous offrir un peu plus de ce monde enchanté de la Belle et la Bête, dans une quête pour Noël qui se justifie bien, avec ces personnages toujours aussi amusants. Le métrage durant à peine 1h, générique non compris, c’est une petite réussite bien agréable et qui va à l’essentiel.

SimplySmackkk
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le 25 déc. 2021

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