Lorsque Kaouther Ben Hania choisit de filmer un sujet aussi grave, elle ne laisse quasiment aucune place au divertissement ou à l'humour. Les quelques minutes de fête et de légèreté ne servent qu'à amplifier le sentiment de défaite et de honte que ressentira le spectateur pendant toute la suite du film.
L'équilibre est donc fragile : nous sommes pris au piège, au même titre que la jeune femme. Le montage, inspiré du film d'horreur renforce cette impression. En cela le film est une grande réussite ! Il reste que le malaise dure, les trahisons successives par l'autorité de la police semblent presque invraisemblable à un spectateur, qui plus est un jeune français.
Ce film n'est donc pas une curiosité cinématographique, repliée sur elle-même. Et si on est choqué du rôle tenu par la plupart des personnages masculins (gros, lâches, vulgaires : machistes) et de la défaillance complète de tout ce qui devrait protéger, c'est parce qu'on en ressent la vraisemblance, en Tunisie et ailleurs.