Walt Disney vouait un immense amour pour la race canine et ce 19ème long-métrage du studio aux grandes oreilles en est une vibrante déclaration, tout autant qu'un tour de force technique, l'équipe utilisant pour la première fois le format scope, inhabituel pour un film d'animation et suggéré par le cinéaste Richard Fleischer qui venait de tourner avec son magnifique "Vingt mille lieux sous les mers", même si le film sera retourné en 1.37 compte tenu du peu de salles équipées à l'époque.
Un procédé qui trouve une véritable pertinence dans sa narration, le film étant constamment raconté à hauteur de chien, le spectateur n'apercevant que fugacement les humains. Si le format employé peut rebuter de prime abord, apportant une certaine claustrophobie par instants, l'immersion n'en est que plus grande, tant l'on a l'impression de voir le monde à travers les yeux de ces braves toutous.
Si "La belle et le clochard" n'est peut-être pas le plus palpitant des Disney (perso, je préfère tout de même explorer Neverland), il est sans aucun doute un des plus aboutit formellement, merveille graphique aux sublimes aquarelles et à l'animation excellente, nous rendant furieusement attachants ces êtres courts sur pattes. Une des dernières claques visuelles du studio, avant un changement radical suite au budget faramineux de "La belle au bois dormant".
D'un romantisme qui fait chaud au coeur, comportant son lot de séquences mythiques (les spaghettis, les siamoises, l'attaque du rat...) et parfois même touchant (la scène de la fourrière est à vous briser le coeur), "La belle et le clochard" mérite d'être redécouvert (et impérativement dans son format d'origine), tant il déborde d'amour et de qualités.