La destinée de ce film, sorti en 1932, est incroyable. Après son passage au cinéma, avec un certain succès, il disparut des radars, et des aficionados de Jean Gabin, car on pensait qu'il avait été perdu.
Sauf que, en 2016 (soit 84 ans plus tard !), il a été retrouvé, sous un autre titre, dans une cinémathèque américaine, dans une forme incomplète (que je vais expliquer), et qui ressortira restauré en 2018, après un financement participatif.
La belle marinière dure aujourd'hui 52 minutes, en considérant que les 26 autres minutes soient perdues. Pour pallier à une narration qui serait boiteuse sans ces trous, on entend un commentaire qui nous précise les scènes manquantes, de sorte que l'histoire reste tout à fait compréhensible.
Jean Gabin joue ici le capitaine d'une péniche, où il y vit accompagné de sa soeur (Rosine Deréan), et de son meilleur ami (Pierre Blanchar). Un jour, il va sauver une jeune femme qui était en train de noyer, la fameuse belle marinière jouée par Madeleine Renaud, et il va lui proposer de vivre elle aussi dans la péniche, tout en n'oubliant pas de la demander en mariage. Ce qui va occasionner quelques jalousies du côté du meilleur ami...
Le film est typique des années 1930, avec le son parfois distant (c'est la technique qui veut ça), la présence des boites de nuit de l'époque (les bals musette), et une femme au rôle assez ambigu, celui de Madeleine Renaud. C'est aussi le plaisir de retrouver un jeune Jean Gabin, tout juste sorti de ce film formidable qu'est Coeur de lilas, et qui garde une certaine sensibilité sous ses traits de gros dur.
Le ton du film, qui se veut plus léger au début, va prendre peu à peu une direction dramatique, avec comme base le cheval attaché à la péniche qui va être blessé, et qui va servir de feu aux poudres. D'ailleurs, la fin est assez surprenante, car tout est plus dans le non-dit que dans une explication assénée à la truelle.
Malgré cette forme incomplète, c'est avant tout quelque chose de miraculeux que de redécouvrir un nouveau film avec Jean Gabin depuis 2018, et qui plus est un très bon film !