La Bête
6.3
La Bête

Film de Bertrand Bonello (2023)

"Just little bits of history repeating. And i've seen it before, and i'll see it again." -Propellerheads ft. Shirley Bassey dans "History Repeating"


Émotions et sentiments humains bouleversants, matés par l'IA en 2050. "Vous ne voulez pas vivre ce qui s'est passé en 2025, n'est-ce pas ?", un sens d'appréhension d'une réalité d'un futur proche de crée en nous. La bête arrive.


Dans un avenir proche où les émotions représentent une menace, Gabrielle prend enfin la décision de purifier son ADN à l'aide d'une machine qui l'immergera dans ses vies antérieures, lui permettant ainsi de se défaire de toute manifestation émotionnelle intense. C'est alors qu'elle croise le chemin de Louis et éprouve une connexion profonde avec lui, comme si leur lien remontait à toujours. Ce récit mélodramatique, traversant différentes époques (1910, 2014 et 2044), transgresse les genres. Cependant, une peur grandit en elle, un pressentiment que se prépare une catastrophe imminente...


C'est un film sur le pouvoir du sentiment, constamment refoulé, non seulement de nos jours mais aussi dans l'appréhension des progrès de la technologie, marquant la fin de l'humanité en tant que concept. des plans coupés, symboles récurrents hantant les multiples vies de Gabrielle (le pigeon, mourant dans l'eau, Louis Lewanski, insatisfaction d’un aspect de sa vie...), tout cela crée un puzzle magnifique mais terrifiant d'un sorte de cycle « karmique », une histoire qui se répète, attendant d'être résolu ; un véritable labyrinthe hanté. Chaque scène du film en rappelle une autre, jusqu’au cri final de Gabrielle Monnier qui témoignerait de l’éternité du Mal : dans aucun des espaces-temps qu’elle a traversés, elle n’a pu échapper à la malédiction de la passion malheureuse, même quand son amant, affranchi de la mémoire intime et de la souffrance, lui propose de tout recommencer.


Léa Seydoux nous offre une performance d’une femme opaque et intense, que se passe t il derrière ces yeux bleus de poupée ? Elle navigue ce personnage seul, ayant tout dans sa tête (littéralement), d’une justesse remarquable. Grace à ses vies antérieures, le personnage de Gabrielle est plus translucide qu’elle nous laisse le montrer en 2044, elle s’ouvre à elle même, elle est enfin lisible.

Toute chose à son explication.

Un mot pour Georges Mckay , si bien rassurant et doux que inquiétant et pervers dans son rôle de Louis Lewanski, lui aussi suivant une progression dans les temporalités (déception amoureuse à une haine envers les femmes car personne ne veut de lui). Les deux acteurs maîtrisent à merveille les micro expressions, base de la manifestation de la psychologie humaine.


À travers une narration habile et des symboles évocateurs, le film nous invite à réfléchir sur la nature même de notre existence et sur la manière dont les émotions façonnent notre réalité.

camnclr
9
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le 11 févr. 2024

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camnclr

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