La Bible
5.4
La Bible

Film de John Huston (1966)

Du haut de mon athéisme forcené, je ne vous pardonne pas.

Peut être que Dieu/Huston le fera au paradis des cinéphiles, mais j'en doute. Je ne me suis ennuyé que 3 minutes pendant ces quelques deux heures quarante de film, et c'était pendant l'entracte.

D'abord, on ne peut qu'admirer la mise en scène aux petits oignons, les décors majestueux, la monumentalité exceptionnelle de l'arche, le travail magistral qui a été fourni avec les animaux, le jeu d'acteur impeccable des différents protagonistes, avec en tête évidemment le couple Gardner/George Scott. Ajoutons à ça la pertinence et le tact de Huston : pas de leçon de morale religieuse, mais un film fidèle qui laisse à voir les réalités du texte biblique, avec un Dieu juge de l'humanité, ferme dans ses verdicts. Qu'on soit convaincu ou non, amis croyants outrés, je vous invite à retourner lire votre ancien testament.

Mais cette fidélité au texte va bien plus loin. La Bible est le premier et le plus grand des textes philosophique, n'importe quel penseur un peu futé vous le dira. Parce que en son temps déjà il proposait un système de pensée apte à répondre à tous les questionnement inhérents à l'humanité. Sa postérité en est la preuve même. Or ces trois histoires (Adam et Eve, Noé, Abraham) ont une continuité philosophique logique dans le texte, et Huston ne choisit pas par hasard de s'y attacher. En pleine guerre froide, ce qu'on a là c'est un message de foi en l'avenir. Foi de Noé vis à vis de sa famille qui désespère de voir le déluge finir, foi d'Abraham en la terre promise, en la descendance qu'il espère avoir. Foi en Dieu ici, certes, mais surtout, plus globalement, foi tout court, en des jours plus heureux. Ça peut paraître gnangnan, fleur bleue, et j'ai personnellement un avis bien différent, mais on ne peut nier que ça fait du bien, de voir tant d'espoir.

Alors pourquoi pas 10 ? Une raison, une seule, lorsque la femme de Lot se retourne pour regarder Sodome exploser et se transforme par conséquent en statue, la caméra ne DEVAIT SURTOUT PAS se tourner avec elle. Huston perd ici ce qui fait le charme de cette histoire. Tout çà pour nous montrer une explosion bien trop datée, aux airs de bombe nucléaire (ce qui fait que je soupçonne une pression du producteur). Et puis pas 10 aussi parce qu'a la fin on en veut plus, encore plus.

Bref, la question n'est pas d'être croyant ou incroyant, mais bien de comprendre pourquoi la bible est importante, et comment son message est encore en chacun de nous si on s'y intéresse réellement (je pourrais aussi revenir sur la question de la liberté que nous laisse toujours Dieu pour construire un futur pourtant prédestiné et vous montrer comment le libéralisme américain se fonde la dessus, mais je sent que je suis déjà trop long). Une fois qu'on a admis ça, alors le film de Huston se révèle une mise en image parfaite pour les chapitres choisis, à la fois fidèle dans l'esprit et très contemporaine.
Beefheart
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le 12 mai 2012

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Beefheart

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