Quantième Art
Vous pensiez encore me voir dire que les comédies musicales américaines sont incriticables car elles tournent toujours autour des mêmes standards et ne changent que dans les détails ? Perdu ! Pal Joey est insolent est pétillant, conforme à ce qu'on peut en attendre dans les grandes lignes mais complètement en contrepied des normes qu'on croyait immuables. D'une part, les décors ne se retranchent pas derrière des décors minimalistes dont la couleur, une semi-prouesse en 1957, accentue tout de même l'artificialité. En fait, Sidney ose même des raccords tout à fait aventureux, en plein mouvement, qui rendent bien à chaque fois. Cette audace se reflète un peu – on aurait aimé plus – dans l'irrespect des dimensions, puisque tout n'et pas théâtral de conception, et la réalisation n'hésite pas à filmer en extérieur parfois. Pas longtemps. Et d'autre part, le film bouscule pas mal les fondements moraux stricts de l'époque, érigeant des sex-symbols et ne faisant même pas mine d'atténuer ses penchants masculinistes pour la femme-objet. Quoique... Sinatra joue un personnage pour le moins déluré qui rend caduque cette tendance. Si le film était une personne, il nierait ses allusions d'un déni candide. Aucune candeur pourtant dans le degré de suggestion qu'il atteint.