C'est un thriller. En principe j'aime bien les thrillers, carré dans mon fauteuil à trembler en attendant que se noue puis se dénoue l'action. Oui, mais la différence c'est qu'ici, c'est un thriller psychologique.
Tout dans la tête et rien dans les mains.
Si je raconte ce que j'ai compris, on va m'accuser de spoiler. Donc soyons malin. Au départ c'est un accident de bagnole au bord d'une falaise. Puis, on passe une heure de délire psycho-socio-sensoriel (j'oublie quelques autres qualificatifs) où le mec (José Garcia) qui a eu l'accident ne sait plus où il en est. En plus dans ses phases de délire, une infirmière note tout ce qu'il a pu dégoiser. De quel droit s'est-elle permise de violer l'intimité de l'inconscient de José Garcia ? En plus, le pauvre José Garcia se retrouve impliqué dans des crimes horribles et suspecté par des flics genre méchants. Donc ces crimes me paraissent bien réels. C'est clair, il me semble. A moins que. Bien.
Puis la dernière demi-heure, retournement de situation. José Garcia se fait trépaner et va soudain nettement mieux. On passe alors à autre chose et on ne parle plus des crimes horribles. Ou plus vraiment. Quoique. Bien, bien.
L'idée de départ n'est pas mauvaise en soi, cette boite noire qui enferme et conserve en nous tous les souvenirs et traumatismes qui peuvent ressortir un jour ou l'autre. Ici, au bout de trente ans. Certains, même, appellent aussi cette boite noire, l'inconscient.
C'est le traitement, en d'autres termes, la mise en scène, surtout pendant la première heure qui ne va plus trop. Il y a du Lynch ou du Fincher (je veux dire, le cinéma pour gens au QI supérieur à 150) mâtiné de Michael Bay pour les séquences hard. Reconnaissons toutefois à Richard Berry de ne pas trop insister sur les séquences hard présentées de façon un peu syncopées comme des clips. Ce qui fait que le film reste "pour tous publics".
Ce qui ne va pas du tout, pendant cette première heure, c'est que le cinéaste nous fait patauger sans nous donner la moindre clé ; on ne sait jamais si c'est du rêve ou de la réalité. J'en étais à regretter de ne pas avoir été suffisamment assidu aux cours de philo de terminale (il y a presque cinquante ans).
La dernière demi-heure me parait mieux réalisée mais cette fois c'est la conclusion qui me parait invraisemblable ou mal amenée.
Côté casting, José Garcia ne m'a pas vraiment convaincu. Il est vrai que je l'avais peut-être classé un peu vite dans le registre comique. Son rôle est ici dramatique mais aurait demandé un peu plus de finesse.
Je ne m'avancerai pas à parler de la prestation de Marion Cotillard qui joue un double rôle mais toujours dans le même registre (un film de psychanalyse se doit de parler un peu de sexe, n'est-ce pas)
Ensuite, il y a Bernard Lecoq dans un rôle de neurologue. Pas trop mal. Et Michel Duchaussoy dans le rôle du père de José Garcia. Un peu à l'ouest dont le rôle ne semble là que pour induire une fausse piste.
Au final, j'ai trouvé le film esthétisant, assez prétentieux, un film destiné à un public parisien style bobo, peut-être, prêt à s'extasier sur les images "géniales" ou "originales" lors d'un diner en ville.
Moi, je m'y suis ennuyé et quand j'ai compris ce qu'il se passait (dernière demi-heure) cela m'a paru très fade. Tout ça pour ça.