Votre folie nucléaire absurde ne mène à rien, mais en avez-vous seulement conscience ?
Issu d'une commande de la BBC qui l'a également produit, "La Bombe" fut projeté secrètement plusieurs fois dans le cabinet du 1er ministre H. Wilson. Après avoir débattu de son contenu, le gouvernement a finalement décider d’en interdire la diffusion, en faisant pression sur la chaîne. Durant plus de 20 ans, la BBC bloquera donc son passage à la télévision. Ni l'oscar du meilleur documentaire obtenu en 1966, ni le lobbying de certaines organisations, ne changera malheuresement la situation. Officiellement, l'oeuvre aurait été jugée trop horrible pour le support télévisuel, mais sommes-nous dupes ?
Le postulat de départ est simple. Dans un contexte de guerre froide, une bombe nucléaire s'abat sur l'Angleterre.
Telle une anticipation, ce moyen-métrage développe les conséquence d'un si tragique évènement sur sa population et les conditions d'une éventuelle survie.
Si la forme relève de la fiction, le fond a bel et bien une valeur documentaire polémique, et c'est ce qui terrifiera le plus à l'époque. Le principe du faux-cinéma réalité est né.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les paroles des différents témoignages ne sont pas fictionnelles mais tirées des milieux politiques. Peter Watkins a effectué des recherches approfondies sur son sujet car la panique, les effets collatéraux sur les victimes ou encore les mouvements de foule ont été extraits d'analyses psychologiques véridiques. Le style documentaire est aggrémenté par une voix-off journalistique glaciale, créeant alors une grande tension dramatique. Quelques fois, on nous apprend des considérations scientifiques tétanisantes sur les radiations ainsi que les répercussions sur la santé.
D'un réalisme cru même éprouvant, la crédibilité des images plonge le spectateur dans la reconstitution d'un chaos total, un désordre meurtrier. 50 ans après sa sortie, ce tour de force cinématographique n'a rien perdu de son pouvoir d'épouvante sur la folie des gue-guerres nucléaires absurdes que sont livrés les grandes puissances pendant des années, allant même jusqu'à dicter les politiques énergétiques des États.