How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb
/Découvert à l'occasion du Second Festival du Film de SensCritique/
De Peter Watkins j'avais déjà vu "Punishment Park", qui m'avait laissé un souvenir mitigé malgré l'intelligence et la maîtrise du propos, le "mockumentary" souffrant de graves longueurs à plusieurs moments du récit. Là où "La Bombe" The War Game en VO), sorti quelques années plus tôt, surpasse cet autre Watkins, c'est avant tout par sa durée : cinquante courtes minutes. Ça peut paraître court, mais ça permet à "La Bombe" d'accéder plus rapidement au climax de son propos. Il faut moins de dix minutes pour que le pessimisme et la dramaturgie de ce docufiction vous happe complètement.
Pour l'époque, "La Bombe" a quand même - pardonnez l'expression - des sacrés couilles en béton. Dépeindre d'une manière aussi critique l'ère nucléaire alors que la Guerre Froide fait rage (même si sorti après le début de la Détente), fallait quand même le faire. Malgré son Oscar, "La Bombe", qui était à l'origine destiné à une diffusion sur la BBC, sera censuré : alors qu'on avait demandé à Watkins de livrer un docu montrant que les méthodes de prévention du gouvernement britannique concernant une attaque nucléaire soviétique étaient solides, le bonhomme, qui s'est très documenté, a fait tout le contraire. Se basant sur des événements réels survenus à Hiroshima, transposé à plus grande échelle sur le territoire britannique, on assiste à un spectacle qui fait froid dans le dos. En plus d'être d'un réalisme terrifiant, un demi-siècle après sa sortie, le film de Watkins vous donne quand même des frissons. Et contrairement à 1965, la menace nucléaire de nos jours est bien moindre, et on ose imaginer la psychose qu'aurait pu entraîner le visionnage d'un tel film lors de sa sortie.
"La Bombe" c'est un exercice de style maîtrisé. Watkins n'abuse pas d'effets inutiles et va droit au coeur de son propos, vous livrant sur un plateau des images chocs qui vous restent en mémoire, des statistiques terrifiantes et un constat ultra-pessimiste sur les conséquences d'une guerre nucléaire. Un petit chef d'oeuvre.