L'av-Ventura
Je confesse un absolu manque d'objectivité quant aux oeuvres de Claude Lelouch qui m'ont ou transcendée (Roman de gare, Un+une, Itinéraire d'un enfant gâté) ou pour le moins charmée (Un homme et...
le 3 janv. 2017
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Je confesse un absolu manque d'objectivité quant aux oeuvres de Claude Lelouch qui m'ont ou transcendée (Roman de gare, Un+une, Itinéraire d'un enfant gâté) ou pour le moins charmée (Un homme et une femme, Salaud on t'aime).
Je me suis plongée hier soir avec délice dans La bonne année (titre ô combien de saison !) avec à l'affiche l'inénarrable Lino Ventura. Habitué aux films de castagne et aux (irrésistibles) rôles de gros durs taiseux, Lino campe ici Simon, un gentil malfrat qui, à peine sorti de zonzon, mijote un nouveau coup avec un complice : le braquage d'une bijouterie Van Cleef à Cannes.
Ressort classique du polar, cet élément du scénario est l'occasion pour Lelouch de proposer des scènes de déguisements et de valises pleines de billets très sympathiques même si assez peu originales.
Non, la singularité de ce film, sa force et son potentiel de séduction résident, comme souvent chez mon cher Claude, dans l'exploration infatigable des rapports homme/femme. Car face au grand Lino, on trouve la sublime Françoise Fabian, au zénith de sa beauté (elle a 40 ans en 1973). Elle permet à Ventura de composer une partition plus sensible, plus touchante et souriante qu'à son habitude.
Je retiendrai cette scène de dîner en tête-à-tête, elle élégamment enturbannée, collier de perles et trench-coat beige : le chic à la française; lui, intrigué, séduit, avec quelques résistances prêtes à s'effondrer d'un battement de cil de la belle... Avec toujours ces dialogues délicatement jubilatoires qui ont fait la réputation bavarde du cinéma de Lelouch mais qui, pour ma part, sont un ravissement de chaque instant.
Il faut voir ce duo de monstres sacrés déambuler sur le front de mer de nuit, elle qui dénoue négligemment sa coiffe, leurs sourires qui disent tout, cette façon à la fois légère et grave de s'interroger sur le mariage, le désir et l'ennui dans le couple.
Je suis incapable de résister à ça.
Et puis visuellement, narrativement, il y a ces trouvailles de Lelouch, ces années, chiffres blancs qui défilent sur fond noir, conversations qu'on entend entre les deux amants, puis rebasculement dans le récit après la libération de Simon : j'ai trouvé ça brillant.
Visuellement, c'est beau, la photographie nocturne est très romanesque et m'a totement emportée. Le scénario réserve son lot de scènes d'action, courses poursuites efficaces au service de l'intrigue policière - secondaire, selon moi - qui apportent nervosité (et humour) au film.
Et cette dernière scène, cet échange de regards entre Françoise et Simon, son regard à elle, désolé et épris, face à la dureté et l'intransigeance de son visage à lui où l'on peut lire la déception et la colère : ce moment m'a paru magistralement mis en scène, offrant aux acteurs une lumière intense et solennelle du plus bel effet.
Bref : chabadabada a fait mon coeur de cinéphile en regardant cette Bonne année. Cinématographiquement parlant, 2017 ne pouvait pas mieux commencer.
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le 3 janv. 2017
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