Ce sont des femmes impeccables, parfaites maîtresses de maison et exquises invitées. Cela, c'est quand tout va bien car quand le vernis craque. Las niñas bien, le deuxième long-métrage de la cinéaste mexicaine Alejandra Marquez Abella, est d'une cruauté sans nom pour décrire cette élite frappée de plein fouet par la crise économique dans le Mexique des années 80. Tout dans ce microcosme n'est que luxe, calme et volupté et l'élégance de la mise en scène traduit bien cette apparence sophistiquée qui dissimule arrogance, morgue et, si l'on creuse un peu, comme un parfum entêtant de pourriture. A l'image de son héroïne, divinement jouée par Ilse Salas, le film conserve presque en toutes circonstances un flegme à tout épreuve, sauf quand tout déraille et que le couvercle saute. Pour autant, le film n'accable pas les femmes oisives et superficielles qu'il décrit : elles ne sont que les victimes d'une culture sociale qui les réduit à cet état ornemental.