Hervé Bromberger, réalisateur généralement médiocre, s'est surpassé dans ce polar dérisoire. Il mène longtemps de façon parallèle deux récits dont on devine bien où et comment ils vont converger. L'un est une insignifiante intrigue de truands; l'autre relate la nuit de garde d'une infirmière débutante dans une hôpital de l'Assistance publique.
Involontairement, l'interprétation tout en mauvaise humeur et argot de Bernard Blier annonce les futurs malfrats parodiques qu'il jouera chez Lautner. Je dis involontairement parce que son sérieux personnage est, ici, comme tous les autres, écrit tellement grossièrement et si mal dirigé, que même le grand Bernard n'en sort pas indemne. Les dialogues, qui font illusion au début du film, s'avèrent en définitive bien mauvais.
La nullité du cinéma de Bromberger, que j'ai pu éprouvée notamment dans "Identité judiciaire" et "Asphalte", tient en premier lieu à des personnages factices, sans la moindre vérité humaine. Ils sont tous grotesques dans cette intrigue qui dure le temps d'une nuit agitée, et laborieuse du point de vue de la mise en scène.
Aucun comédien n'échappe au naufrage, pas plus Raymond Pellegrin en médecin cynique, harceleur et tripoteur de jeunes infirmières -tout comme son collègue joué par Jacques Fabbri- que Roland Lesaffre en jeune truand qui surjoue la frousse sans aucune vraisemblance.
Mais la palme de la stupidité revient à l'infirmière novice qui tressaille devant chaque malade, qui se tord les mains quand elle s'inquiète, qui s'éprend en une nuit de son chef de service lourdingue (Pellegrin, donc) et qui devrait changer de métier. L'interprétation d'Estella Blain, la poitrine altière, est faible, très faible, novice elle aussi.
Cela dit, le film mériterait d'être montrer dans toutes les écoles...de soignants, à propos du harcèlement moral et sexuel en milieu hospitalier!