Raoul Walsh connait toutes les ficelles du western et en use de façon habile, d'où la qualité souvent reconnaissable de ses westerns et le charme qui s'en dégage. Action, action, action, c'est le thème commun à tous ses films, même ses films de guerre, l'écran n'est presque jamais en repos, et il le prouve encore ici dans ce qu'il est convenu d'appeler un "petit western". Mais contrairement à la plupart des amateurs du genre qui préfèrent les grands westerns de Walsh tels la Charge fantastique, la Fille du désert ou les Aventures du capitaine Wyatt, moi j'ai toujours préféré ses petits westerns (même si j'aime aussi les grands), comme Bataille sans merci ou cette Brigade héroïque qui possède un charme authentique qui tient à ce goût débridé de l'action et qui est la marque d'un réalisateur possédant l'art consommé de raconter une histoire avec un minimum de moyens et un style parfaitement ajusté à son sujet.
Dans ce film, Walsh va donc à l'essentiel, sans détour, en contant en 87 mn une histoire de poursuite entre Indiens et soldats de la police montée canadienne dans l'immensité du Canada, rappelant un peu la trame des Aventures du capitaine Wyatt, de façon essentiellement dynamique et ennemie de la réflexion. Certains comme moi s'en contentent, d'autres feront la fine bouche devant aussi peu de psychologie et pas mal d'erreurs historiques. En effet, les Sioux après avoir vaincu Custer à Little Big Horn, n'ont jamais cherché à convaincre les tribus du Canada de se rallier à eux, et le tournage qui a eu lieu dans la province d'Alberta magnifie de grandioses montagnes et de beaux lacs que la province de Saskatchewan ne possède pas... mais qu'importe, et même si le film déploie une imagerie naïve et des personnages grossièrement dessinés, ça reste une bonne petite série B de derrière les fagots, dense, concise, utilisant de magnifiques paysages canadiens, et pourvue d'un casting de qualité, avec la star Alan Ladd, Shelley Winters, Robert Douglas (habitué des rôles perfides), Anthony Caruso (habitué des rôles d'Indiens), John Carroll Naish, Hugh O'Brian... d'autant plus que les films montrant la police montée sont assez rares, si l'on excepte les Tuniques écarlates ou la Dernière flèche, ce qui permet ici au splendide Technicolor de mettre en valeur leur superbe uniforme rouge.