La collection « Westerns de Légende », de l’éditeur vidéo Sidonis, compte à ce jour pas moins de 384 titres. Pour la plupart, des westerns de série B, produits à la chaîne par Universal et d’autres studios, dans les années 50 et 60.
La Brigade Héroïque (encore un titre-valise pour l’exploitation française, accrocheur pour le grand public mais finalement assez peu représentatif du film), ou bien Saskatchewan (son titre original un petit peu plus compliqué à prononcer pour des francophones, mais à la consonnance exotique qui invite à l’aventure), est l’un d’entre eux.
Réalisé en 1954 par Raoul Walsh, il s’agit d’un des derniers westerns d’un prolifique réalisateur borgne à qui l’ont doit plus de 90 longs métrages entre la fin des années 1920 et le début des années 60 (parmi eux, La Grande Evasion et La Charge Héroïque sont sans doute ses plus connus).
Surtout, il s’agit d’un des westerns les moins côtés du réalisateur. « This is the least interesting of Walsh's westerns of the fifties » écrivait ainsi Phil Hardy dans un ouvrage sur le genre.
Pour ma part, il s’agit du premier film du réalisateur que je découvre, et j’ai globalement été conquis. Il ne s’agit sans doute pas d’un chef d’œuvre, mais d’un western très divertissant, et ce n’est surement pas le dernier du réalisateur que je visionnerai : j’ai déjà La Charge Héroïque dans les cartons, et je compte bien ne pas m’arrêter en si bon chemin.
L’un des grands points positifs de La Brigade Héroïque est de situer son action dans l’Ouest canadien. Exit donc la poussière du désert et les pitons rocheux du Texas propices aux embuscades : le film porte une grande attention à ses décors, des paysages de grands lacs qu’on traverse en pirogues, de vallées entourées de cimes enneigées, et de forêts de pins.
Relativement classique dans sa forme – ramassée sur tout juste 1h30, avec beaucoup d’action et le déroulement d'une intrigue qui va droit au but –, on y retrouve à quelques exceptions près les principales figures du genre.
Tout d’abord le héros courageux, le sergent de police Thomas O’Rourke (incarné par Alan Ladd, qui manque ici un peu de charisme), figure du cowboy implacable et aguerri, à la John Wayne. Elevé par le chef d’un clan Indien, Tom fait la liaison entre les Crees et la brigade militaire. Il est accompagné par son demi-frère Cajou (Jay Silverheels), Indien de naissance.
L’action se déroule au printemps 1877, à la suite de la fameuse défaite du Général Custer contre les Sioux, dirigés par Sitting Bull et Crazy Horse, chefs amérindiens et figures historiques célèbres.
Ces derniers ont passé la frontière canadienne, et sont désormais sur les terres des pacifiques Indiens Crees.
Lorsque Thomas O’Rourke rentre au fort après avoir passé l’hiver à chasser dans les montagnes, il trouve la garnison métamorphosée par l’arrivée d’un nouveau commandant autoritaire et inexpérimenté. Ce dernier, nommé Benton (très bon Robert Douglas), ignore bien de choses sur la situation des Indiens. Il a récemment désarmé les Crees, jusque-là les alliées de la police montée canadienne, qui se retrouvent dans l'incapacité d'aller chasser pour se nourrir.
L’arrivée des Sioux et le mécontentement croissant des Crees n’est pas vraiment de bon augure pour nos tuniques rouges (couleur parfaite en matière de camouflage, haha), qui seraient en bien mauvaise posture en cas d’alliance des deux clans.
Le film compte deux arcs narratifs majeurs.
Le premier consiste à porter secours à la garnison du Fort Walsh, sur le point d’être attaquée par les Sioux à quelques dizaines de kilomètres de là – et ainsi empêcher une nouvelle défaite comme celle des tuniques bleues de Custer.
Le second tourne autour d’une jeune américaine du Montana, Grace Markey (jouée par Shelley Winters). Rescapée d’une attaque des Sioux, on apprend rapidement que celle-ci est recherchée par le Marshall Smith (Hugh O'Brian) pour être ramenée aux Etats-Unis et inculpée d’un meurtre. Autant dire que le rôle de Grace Markey est plus complexe que celui – toujours basique – des femmes dans les westerns classiques. Et ça fait toujours plaisir de voir un personnage féminin avec une vraie trajectoire narrative !
Un dernier mot sur la musique, parfois envahissante, et qu’on dirait sortie d’un péplum. On ne compte plus les variations du thème « A la claire fontaine », et ça fait aujourd'hui sourire.
Je retiendrai du film des décors naturels impressionnants, et des scènes d'action parfaitement maîtrisées ayant nécessité de nombreux figurants (notamment les cavalcades et débandades indiennes). Sans prétention mais avec un vrai désir humaniste – l’exemple canadien d’une cohabitation réussie avec les Indiens – La Brigade Héroïque est un bon western de divertissement.