On aurait tort de résumer La Cabane dans les bois à un film d'horreur, car il est avant tout un film sur les films d'horreur. À la fois hommage vibrant et oeuvre critique, le film passe tous les clichés du genre à la moulinette de l'ironie et de l'humour noir, et c'est un vrai bonheur que de voir ces situations que l'on connaît par cœur nous surprendre à nouveau. Le but de Drew Goddard et Joss Whedon n'est pourtant pas simplement de parodier un genre qui l'a été de trop nombreuses fois, mais également de confronter le spectateur à ses propres travers, son besoin maladif et formaté de sang et de sexe au cinéma devant lequel les metteurs en scène deviennent de simples fonctionnaires, obéissant mécaniquement et cyniquement à la demande du public.
La Cabane dans les bois nous dit l'artificialité du cinéma d'horreur, à la fois devant et derrière la caméra. D'où ces cages, dans la dernière partie du film, contenant chacune une créature, comme autant de carcans et de règles, que les auteurs vont évidemment briser pour laisser place à leur liberté destructrice et jouissive. Et ce merveilleux caméo final, parce qu'il évoque une saga qui a toujours su se renouveler, peut être vu comme un appel vers un vrai cinéma d'horreur et d'auteur.
Ainsi, La Cabane dans les bois, en plus d'être sincèrement drôle et surprenant, est un film au message double : il appelle à l'indépendance et la liberté des metteurs en scène et scénaristes, et invite les spectateurs à élever leurs exigences de la consommation d'un produit à l'appréciation d'une oeuvre d'art.