La Cabane dans les Bois pourrait et mérite de devenir un classique mineur de la galaxie horrifique. Josh Weddon (producteur) et Drew Goddard (réalisateur) ont travaillé notamment pour des séries (Lost, Alias, Buffy) et savent parfaitement réinventer, transformer un matériau quelconque en matrice de galeries scénaristiques. Leur passage au grand écran le garanti.
Dans un premier temps, le slasher se confond avec la télé-réalité. On peut s’attendre à une analyse de mœurs contemporaines venue donner de l’allure à un programme banal, ce n’est pas le cas. La Cabane dans les Bois est juste astucieux comme l’est un film de genre sur trente. Arrivera la freaks parade et la promesse ésotérique. Les personnages sont pris au piège d’un univers partagé entre deux valeurs paradoxales, rationalité inhumaine et mysticisme mortifère. Nous sommes dans un manège où il faut survivre à la fois à la brutalité des ennemis classiques (zombies toujours debout !), à un système aux normes venues d’ailleurs et au carnaval qui détruit tout sur son passage.
La Cabane dans les Bois est ludique et malin, sans redouter son ombre comme la plupart des satires ou des essais « méta » du cinéma de peur. Cette surprenante déconstruction du slasher parvient en même temps à en susciter tous les frissons. L’adrénaline se transforme en euphorie de la découverte. Le film redouble d’ingéniosité, d’audace et de générosité, va au bout de ce qu’il engage et suggère, prêt à sacrifier le mystère ou le sérieux (mais au bon moment), tant que tout s’imbrique parfaitement.
Gremlins au pays de Scream 3 ? Ou Détour mortel dans celui de Monstres & Cie ? Le résultat est iconoclaste, difficile à décrire concrètement surtout si on veut en préserver le suspense. On peut dire que La Cabane dans les Bois revisite le monde de l’horreur, du fantastique et du slasher. Elle en connaît par cœur les références et mécanismes et pour ça, plutôt que de se fondre dans la masse avec déférence, elle s’inscrit vigoureusement dans leur prolongement en se permettant tout, dans la limite du jouissif et de la cohérence. C’est brillant, c’est, à défaut d’une séance d’exhibitionnisme psy ou d’un survival pur, le meilleur de ce qu’on peut trouver dans le registre.
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