Quand on est passionné par les films d'horreur en tout genre, en passant par les plus mauvais de la boîte Asylum jusqu’au pur chef d'oeuvre, on aime être décontenancé et surtout on apprécie les grosses prises de risque de la part de certains réalisateurs. La surprise joue un rôle très important, comme la peur dans un film d'horreur et quand on commence à en voir des tonnes, on tombe vite dans une lassitude et on se sent blasé par tous ces films qui accumulent les phrases d'accroche aguicheuses ou encore des affiches tape à loeil. La Cabane dans les Bois s'annonçait comme le nouveau film d'horreur qui joue avec les codes, qui surprend le spectateur et qui mène son petit bateau. Alors pourquoi pas, laissons-nous tenter. Et là, c'est la douche froide. Car oui, il faut l'avouer, et même si la plupart des critiques sont élogieuses, La Cabane dans les Bois m'a laissée de marbre. Alors pourquoi ? Qu'est-ce qui fait que ce film ne m'a pas touché ? Pourquoi n'ai-je pas été surpris ? Allez, on va visiter cette cabane en carton...


Le scénario de ce film veut se jouer des codes en mélangeant allègrement tout ce qui fait le cinéma horrifique depuis des années. Le synopsis est assez simple, on a cinq jeunes qui partent en vacances dans le chalet du cousin de l'un d'entre eux. Dans le lot, on a le fumeur de pétards, la blonde facile, le sportif, l'intello et la jolie fille pucelle. Tout ce groupe se retrouve dans une cabane au fond des bois, dans un lieu complètement isolé. Mais nous, spectateur, nous voyons aussi que des gens surveillent étroitement le groupe et mettent des paris sur la survie de ces gens. C'est alors que la cabane va être la proie à une attaque de zombies pour ensuite aller encore plus loin. Sans raconter la suite, il faut savoir que le but du réalisateur et du scénariste, c'est de perdre le spectateur pour essayer bien maladroitement de le surprendre. Les références sont multiples et le concept en lui-même est assez intéressant. Mais voilà, on ne peut pas faire un film en empruntant tout ce qui a déjà été fait ailleurs, car on s'ennuie, et on sait souvent à quoi s'attendre malgré la surprise promise. Et puis, quand on détourne quelque chose, on oscille entre deux genres, ou on reste à fond dans l'horreur et on essaye de faire peur, ou alors on va directement dans la parodie et on fait un Scary Movie.


Et c'est là le principal problème du métrage. Voulant jouer sur tous les tableaux, le film ne sait pas sur quel pied danser. Ainsi, on a droit des phases d'horreur suivi d'un humour plus que douteux et franchement pas agréable. Cela a pour effet négatif de scander un rythme déjà pas hyper soutenu et de camoufler des faiblesses scénaristiques évidentes. De plus, quand on regarde un film d'horreur, c'est pour avoir peur, pour sursauter et frissonner. Or, dans ce film, tout effet effrayant est complètement anesthésié par cet humour qui ne sert vraiment à rien. Alors que le film possède un certain potentiel, le choix de la famille de zombies me semble très maladroit. Ainsi, au lieu de détourner des codes du genre pour mieux faire peur, le réalisateur tombe en plein dedans et offre un spectacle sans saveur, où les jeunes gens doivent survivre à quelques morts-vivants. La plupart des scènes sont dans le noir, on ne voit strictement rien, c'est filmé à la truelle, ça bouge tout le temps et lorsque une scène gore se profile, on la filme de dos ou on ne la montre pas, probablement pour faciliter la sortie en salle, mais encore une fois, on a l'impression de voir un film aseptisé, qui fait dans l'horreur sans vraiment y être. Il est loin le temps d'Evil Dead !


Au casting, on ne retrouve pas de grand acteur, sauf sur la fin, mais comme cela reste une surprise, je n'ai pas envie de spoiler tout le monde. Par contre, en tête d'affiche, nous avons le beau, le musclé, le ténébreux, le dieu Chris Hemsworth, qui jour ici le boeuf de service. Plutôt bon dans ce rôle de brute épaisse, il a l'air de s'éclater malgré son surjeu, notamment quand il faut froncer les sourcils pour montrer son mécontentement. Pour l'accompagner, nous avons d'autres jeunes acteurs, moins connus, mais qui tiennent leur rôle. Il faut dire qu'ils jouent des rôles très stéréotypés et que l'on a vu des millions de fois. Et malheureusement, ce n'est pas la façon de détourner ou d'expliquer leur mort qui va faire quelque chose de neuf. On a donc la belle blonde qui danse en montrant ses fesses, notre fumeur d'herbe qui est finalement le plus lucide de tous, notre intello de service au grand coeur et notre jeune vierge effarouchée. Rien de bien croustillant, si ce n'est les deux techniciens dont l'humour est franchement douteux, mettant peut être en avant un voyeurisme exacerbé qui est typique de notre société actuelle.


Alors après, on peut se dire que le film va être généreux en gore et en mise à mort. Mais là encore, c'est la douche froide. Comme je l'ai dit auparavant, les différentes mises à mort sont décevantes, et la plupart du temps, elles sont filmées de dos ou dans le noir. De ce fait, on ne voit rien. Le seul problème, c'est que tout le reste semble raté aussi. Les zombies sont mal foutus, et leurs armes n'apporte rien aux différents meurtres, comme l'en atteste le gros thon avec son piège à loups au bout d'une chaîne qui ne tue finalement personne. La fin est volontairement grandguignolesque, apportant un flot de sang de synthèse du plus mauvais effet et encore une fois, on n'aura aucune sensation tant le film est froid et impersonnel. Alors il reste les effets spéciaux qui sont tout de même bien sympathiques. En effet, sur la fin, on a droit à un florilège de créatures et autres monstres issus de la mythologie des films d'horreur, avec des références à Ça, Halloween 2, Ring, Hellraiser, j'en passe et des meilleurs avec des loups-garous, des vampires, des sorcières, des épouvantails, etc. Tout cela est bien fait, mais tout est trop gros, trop de choses se passent sur l'écran et on ne suit qu'à moitié, surtout que tout le monde se fait dézinguer. Bref, là encore, on reste dans une volonté de détourner les codes, sans pour autant les détourner.


Au final, La Cabane dans les Bois est un film qui n'apporte rien au genre et qui se fourvoie dans une volonté de parodier sans parodier. Oscillant entre humour noir et film d'horreur manqué, le métrage n'apporte aucune peur et se plante complètement de cible en voulant la jouer film trop cool qui fait de multiples références. Si l'ennui ne pointe pas le bout de son nez, le mécontentement est bien présent ainsi que la sensation de s'être fait prendre pour un con avec une communication efficace. Seule la fin demeure sympathique et originale. Bref, tout cela est assez faiblard.


Clin D'œil :
En réalité, le film était tourné depuis 2009. Mais à cause des déboires financiers de la Metro Goldwyn Mayer, il fut repoussé jusqu'en 2012.

Créée

le 5 nov. 2019

Critique lue 378 fois

4 j'aime

2 commentaires

Blockhead

Écrit par

Critique lue 378 fois

4
2

D'autres avis sur La Cabane dans les bois

La Cabane dans les bois
Before-Sunrise
7

« Je pense que c’est mieux si on se sépare »

La Cabane dans les Bois est une de mes plus grandes surprises de ce début d’année. Je ne connaissais que l’affiche que je trouvais sympathique. Sans rien savoir de l’histoire à part deviner qu’il...

le 15 avr. 2013

61 j'aime

12

La Cabane dans les bois
Ze_Big_Nowhere
4

La frustration au fond des bois

WARNING ! SPOILING CRITIC. 5 blaireaux caricaturaux (caricatures qui auront leur importance à la fin du métrage. Mouais, enfin "Importance" c'est p't'êt un peu exagéré.), tendance à souhait et...

le 11 sept. 2013

57 j'aime

9

La Cabane dans les bois
cloneweb
7

Critique de La Cabane dans les bois par cloneweb

La première fois que le projet de la Cabane dans les Bois a été évoqué, c'était au Comic Con de 2009. A l'époque, Joss Whedon et Drew Goddard avait annoncé un film qui reviendrait sur les codes de...

le 27 avr. 2012

38 j'aime

1

Du même critique

Les Diaboliques
Blockhead
10

Critique de Les Diaboliques par Blockhead

Du roman de Boileau-Narcejac, Henri-Georges Clouzot tire un monument de noirceur et d'angoisse porté par les performances mémorables d'un trio infernal entouré, entre autres, d'un débutant dénommé...

le 15 avr. 2016

9 j'aime

Edward aux mains d'argent
Blockhead
10

Critique de Edward aux mains d'argent par Blockhead

Sous la forme d'un conte de fées moderne, Tim Burton aborde le thème de l’exclusion. Adoptant un parti pris esthétique original, cette fable dotée d’une étonnante composition de Johnny Depp est un...

le 2 déc. 2015

9 j'aime

Gilda
Blockhead
10

Critique de Gilda par Blockhead

Rita Hayworth, d'une beauté flamboyante, aussi glamour que vénéneuse, sublime et enflamme ce film noir tout en mystères et en sous-entendus, où chacun des personnages révèle peu à peu sa vraie...

le 26 déc. 2019

7 j'aime

5