Edouard Molinaro, Francis Veber et Jean Poiré au scénario pour l’adaptation d’une pièce écrite par ce dernier, voilà la quasi assurance d’une réussite. Grand succès de la fin des années 70, La Cage aux Folles a également connu de très fortes audiences à la télévision. Multidiffusé pendant des années, le film est aujourd’hui bien moins visible. Le sujet pose-t-il aujourd’hui un souci ? Le film a-t-il mal vieilli ? Il y a bien longtemps que je n’avais pas revu ce classique et je souhaitais en avoir le cœur net. Le traitement est tellement volontairement caricatural que j’imagine mal qu’on puisse lui reprocher sa vision des homosexuels. À moins, bien entendu, qu’on ne juge avec autant de sévérité l’austérité de la famille d’Andréa, ce qui évidemment n'arrive jamais.
Le résultat demeure aujourd’hui plutôt efficace même si on peut lui reprocher sa difficulté à sortir du cadre théâtral. Si ce point n’est en soi pas un souci, il peut le devenir quand les auteurs s’échinent à plaquer des extérieurs un brin artificiels sans que cela n’apporte quoi que ce soit à l’ensemble. C’est un peu le cas ici et on est certain que de nouvelles péripéties auraient pu être imaginées. La première heure du film est certainement un peu trop sage. Elle est même parfois plombée par un ton dramatique voire mélodramatique. Les scènes incessantes de Zaza et ses caprices de diva finissent par éclipser l’enjeu de la comédie. Elles retardent en effet la confrontation tant attendue avec les parents d’Andréa. Il faut dire que les comédiens en font tellement des caisses (aussi bien Michel Serrault que Michel Galabru) qu’on est impatient de les voir face à face.
Mais la sauce est bien montée puisque la dernière demi-heure est un régal avec une confrontation pour le moins explosive. Si l’antagonisme est, bien entendu, excessif et le cabotinage des acteurs total, le résultat est hilarant. On peut reprocher au film de se traîner parfois pour en arriver là mais le jeu en vaut la chandelle. Petit bémol aussi sur la photographie très « David Hamilton » qui ne s’imposait pas et qui donne un impression de flou durant toute la pellicule.