" I was home. What happened? What the hell happened?" !!!

Un film aux allures de superproduction, et qui en est une par son budget considérable, par sa reconstitution d'une époque aussi minutieuse qu'imposante, et par la longueur exceptionnel de son tournage. Une superproduction certes, mais qui adopte définitivement un ton intimiste...

Le contexte, celui de la Guerre Civile chinoise, opposant les communistes et le Kuomintang, est certes présent. On a le droit certes à un message de fond, à savoir que les affaires des chinois concernent uniquement les chinois et qu'en conséquence personne d'autre ne doit s'en mêler (et il est difficile de ne pas faire le parallèle avec le conflit vietnamien, qui avait lieu à l'époque du tournage !!!), tout au plus verra-t-on du racisme ordinaire, mais sans que l'on plonge dans un manichéisme à deux balles (la scène de la vente aux enchères est franchement révoltante, mais les deux côtés sont renvoyés dos à dos, l'un ne valant pas mieux que l'autre !!!), et tout au plus l'histoire opposera belligérants et pacifistes sans jamais donner véritablement raison à quiconque ; mais tout cela uniquement pour servir la dimension intimiste...

Car ce qui intéresse définitivement et principalement le réalisateur Robert Wise, c'est la dimension intimiste, nous raconter plusieurs destins individuels, nous donner deux histoires d'amour (dont une, celle qui concerne le personnage joué par Richard Attenborough et la jeune chinoise, qui est particulièrement poignante !!!), voir juste comment le contexte politique et historique affecte la vie des personnages.

On aura certes le droit à une séquence d'action spectaculaire vers la fin du film, mais ce que l'on retient le plus de ces trois heures de film, ce sont les destins.

Et aussi, ce qui surprend le plus ici, outre cette dimension intimiste, c'est le ton définitivement désespéré de l'ensemble. On ne pourra reprocher aucune concession à l'ensemble. Ce qui est parfois montré, souvent suggéré, est terrible, brutal et cruel. Peu de films hollywoodiens sont allés aussi loin, surtout avec une oeuvre de cette ampleur.

En ce qui concerne les acteurs, on retiendra particulièrement Steve McQueen, qui trouve certainement le meilleur rôle de sa carrière après celui dans Papillon, Richard Attenborough, très émouvant, et Richard Crenna, donne une belle interprétation en capitaine qui va très vite se retrouver dépassé par les événements.

On peut déplorer quelques longueurs, mais cette oeuvre à gros budget franchement inhabituelle, par son intimisme et par son pessimisme, vaut incontestablement la traversée.