Drôle de western presque classique, comme s'il était sorti une décennie en retard. Les personnages sont en grande partie enfermés dans des stéréotypes qui semblent terriblement dépassés, déjà, à la fin des années 60. Cela étant dit, "La Caravane de feu" mise principalement sur deux choses et ne s'en sort pas si mal que ça à ce niveau : le duo en tête d'affiche, et l'objet-titre.


Le tandem Wayne/Douglas fonctionne relativement bien, avec ses passages comiques dans l'esprit du film. Une certaine rivalité naît très vite entre les deux, renforcée par l'ambivalence de leur position respective : l'un peut gagner de l'argent en tuant l'autre ou encore plus en collaborant avec lui, et l'autre a besoin de celui qu'un propriétaire terrien peu scrupuleux a envoyé à ses trousses pour le tuer. On ne peut pas s'empêcher d'imaginer que cette rivalité persistait en dehors de l'écran, John Wayne et Kirk Douglas étant tout deux de grandes figures du cinéma d'alors et deux représentants d'idées radicalement opposées. C'est un aspect qui rend le film un peu moins inintéressant.


La caravane du titre, "the war wagon", est un objet plutôt marrant vu d'aujourd'hui. Présenté comme une forteresse (roulante) impénétrable, blindée, armée d'une Gatling positionnée dans une tourelle, elle est censée représenter un absolu de sécurité pour le transport de l'or du méchant. En réalité, on a plus l'impression de voir une boîte en carton brinquebalante, fixée sur quatre roues instables, mais gageons qu'il s'agit là d'une impression propre à notre époque... C'est un peu le premier tank de l'histoire, le premier convoi blindé.


Pour le reste du film, l'essentiel repose sur l'équipe montée par John Wayne afin de s'emparer de l'or de son ennemi juré. Plusieurs personnages issus d'univers biens différents, avec un Indien ayant baigné dans la culture américaine, un vieux filou sujet à la cleptomanie, un jeune artificier aussi accro à la nitroglycérine qu'au whisky, et un tireur d'élite spécialiste en matière de coffre-fort. La fine équipe ne séduit pas complètement, elle se trouve presque phagocytée par le duo de célébrités qui assurent le show. Une grosse baston de saloon comme pirouette pour se sortir d'un traquenard, un John Wayne bedonnant, et un Kirk Douglas s'amusant à sauter sur des chevaux avec plus ou moins de succès : voilà ce qu'on retiendra principalement.


[AB #126]

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le 9 sept. 2016

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Morrinson

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