Grand nettoyage
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Claude Chabrol réalise ici son plus grand succès, peut être son meilleur film et, on ne sait jamais, peut être un des plus grands films des années 90.
Isabelle Huppert et Sandrine Bonnaire y interprêtent deux jeunes prolétaires sans culture, sans enseignement particulier.
Bonnaire est engagée comme femme de ménage/gouvernante dans une famille de bourgeois qui habitent un château proche d'un petit village.
Bonnaire et Huppert s'y rencontreront et sympathiseront en discutant des discriminations qu'elles subissent et des affronts qu'elles essuient.
La violence est partout dans ce film. Tel un orage au loin, elle gronde, d'abord sourdement et indistinctement, puis les masques tombent, la pluie aussi, et c'est alors l'apocalypse.
On la voit et on la comprend, cette sourde colère, face à des employeurs au ton d'abord paternaliste, puis un tantinet méprisant, et, pour finir, aux dérives cruelles.
La caricature de la bourgeoisie est brilliante et trop juste pour être fausse. Jean-Pierre Cassel et Jacqueline Bisset sont crédibles mais c'est le personnage de Virginie Ledoyen, la fille "bien attentionnée" de ces bourgeois qui convainct le plus. En effet, sa gentillesse extrême cache en fait une envie d'être bien vue et d'être différente de ses parents, soit des fins purement égoistes.
Le film est bien monté, bien construit et bien écrit.
La fin est imprévisible, mais une fois qu'on a bien réfléchit, on se dit que ça n'aurai pas pu finir autrement, car quand on vit dans l'injustice permanente, omniprésente, soumis au mépris des autres, il y a bien un moment ou l'on craque...
Bravo à Chabrol pour ce film qui nous présente un des dilemmes les plus intéressants du monde moderne, déjà abordé dans LE CRIME DE MONSIEUR LANGE, de Jean Renoir en 1936, et ensuite repris dans JOKER ou encore PARASITE :
Un prolétaire a t-il le droit voire le devoir moral de tuer le bourgeois qui l'opresse ?
Créée
le 20 nov. 2024
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