Un éleveur de chevaux quitte son château et prend sa voiture. Un jeune éphèbe apeuré veut absolument le suivre. Sur leur route ils rencontrent une jeune héritière qui vient d'assassiner un homme qui avait tenté de la violer et la font monter.
La jeune femme s'en prend ensuite à l'éphèbe qui voulait l'embrasser. Elle lui crève les deux yeux sans autre cérémonie. On apprend que la jeune femme, malade mentale, s'est évadée d'un hôpital psychiatrique où sa tante a voulu l'enfermer pour prendre son magot. L'éphèbe aux yeux crevés est ensuite assassiné par deux tueurs inséparables qui ne laissent jamais de témoins. Par la suite nous apprendrons que les deux tueurs sont d'anciens lanceurs de couteaux. Le lien entre la plupart des personnages qui apparaissent à l'écran est leur ancienne profession d'artistes d'un cirque. Qui dit cirque dit magicien et qui dit tour de magie dit histoire inexplicable et parfois sadique.
Le film de Patrice Chéreau a une certaine parenté avec le cinéma érotique des années 70: châteaux, jeune fille dévêtue, personnages caricaturaux, scénario ne servant que d'alibi pour contourner la censure. Ici pas besoin de censure, reste donc la question: quel est le but de cette histoire inspirée par un bouquin de James Hadley Chase, auteur de polars un instant à la mode? Il semblerait que le but du cinéaste ait été de faire un exercice de style pour prouver qu'il n'était pas seulement un metteur en scène de théâtre connu mais qu'il savait faire aussi du cinéma d'auteur. Pour y arriver on laisse le spectateur dans le flou, on travaille seulement sur la forme. Les personnages sont désincarnés, l'émotion est tenue à distance, il n'y a pas de continuité dans le scénario, les événements se succèdent de façon irrationnelle pour essayer de se la jouer thriller sombre et angoissant.
Une mention cependant pour le casting. Charlotte Rampling, l'héritière, est entièrement dévêtue dans une séquence bien que le film ne soit en rien érotique. Le cinéaste lui a probablement demandé de jouer comme une somnambule. Il paraît qu'elle serait la fille de « l'Orchidée » d'après la fiche du film, car le film se garde bien d'exploiter le potentiel de son titre pourtant intrigant. Il semble, toujours grâce à l'aide de la fiche du film, que « l'Orchidée » soit le pseudonyme d'un ancien tueur, par ailleurs artiste de cirque, un homme très riche que l'on ne voit pas à l'écran. Bruno Cremer est le seul à tirer son épingle du jeu, Hugues Quester joue le rôle de l'éphèbe complaisamment dévêtu, Edwige Feuillère, actrice de théâtre, surjoue le rôle de la tante manipulatrice, et on a même Simone Signoret dans une brève apparition en tant qu' ancienne artiste de cirque, comme dans le Chat de Granier-Deferre.
Sur le chemin du collège je passais devant la salle qui projetait ce film et les photos de Charlotte Rampling dévêtue, l'affiche et le titre du film me laissaient une belle impression de mystère et de sophistication. Longtemps après je me pose toujours la question sur ce que j'ai vu et même revu et je me dis que j'aurais mieux fait de m'en tenir au titre, à l'affiche et aux photos.