De ce sujet policier de James Hadley-Chase, probablement une classique série noire, Chéreau tire une oeuvre austère que sa mise en scène et ses personnages lacunaires rendent quasi impénétrable, au moins dans cette première partie du film où on ne sait pas qui est qui, où le sens de l'intrigue nous échappe complètement.
Drame tourmenté et sinistre, le film se préoccupe moins du sujet criminel que d'imposer une dramaturgie morbide, violente parfois, aux confins de l'irréalité, assortie de partis-pris esthétiques sombres pour le moins (décor gris et pluvieux, seconds rôles aux allures de croque-mort! couleurs vives proscrites...)
Certes, si on parvient à découvrir que le personnage de Charlotte Rampling est une riche héritière que sa famille a abusivement internée, on devine cependant assez mal son histoire et encore moins les mobiles et les intentions de certains protagonistes, tels ces deux tueurs lancés à ses trousses. C'est parce que Chéreau fonde son récit sur la forme plutôt que sur le contenu, et qu'en conséquence, plus que l'intrigue, peu explicite et s'éloignant du polar traditionnel, c'est le style et l'ambiance qui retiennent l'attention. Moins qu'indifférent, on peut être indisposé par l'affectation de la mise en scène, par sa gravité théatrale autant que par son reflet désespérant du genre humain.