J’avais beaucoup d’attentes concernant La Chambre d’à côté, et malheureusement le film a été une petite déception. Son principal défaut, selon moi, c’est la sensation d’un manque d’aboutissement : on croit que ça va prendre, que le film va décoller ; certaines scènes le font espérer véritablement ; mais, pour ma part, je ne me suis jamais sentie emportée – je me suis plutôt ennuyée.
Le sujet, pourtant, est très intéressant, et le dispositif minimaliste m’attirait. Un duo de personnages – et donc d’actrices –, dans une certaine unité de temps et de lieu : c’était l’occasion d’une histoire condensée à l’essentiel. Mais ça ne réussit pas, parce que – c’est mon ressenti – le réalisateur manque d’inspiration pour habiter cet espace laissé relativement vacant par la simplicité de l’intrigue. J’ai souvent pensé qu’il ne savait pas exactement quoi montrer, concrètement, et qu’il en était réduit à faire du remplissage.
Les scènes de flash-back, notamment, m’ont semblé embarrassantes voire grotesques. L’esthétisme millimétré du film peut aussi paraître froid et un peu factice. À plusieurs reprises, on a l’impression que quelque chose d’un peu surnaturel, voire inquiétant, plane sur la maison, sans que le film ose suivre ce chemin.
Par ailleurs, les opinions politiques mises très brièvement dans la bouche de personnages parfois très secondaires m’ont semblé trop littérales et finalement assez artificielles, ce qui est dommage pour des sujets aussi capitaux que la catastrophe écologique, la montée de l’extrême droite ou encore le harcèlement… Mais peut-être le réalisateur a-t-il jugé que c’était mieux que de ne rien dire ?
Bon, tout cela étant dit, il y a aussi des bonnes idées (cette porte rouge) et même des choses très jolies dans ce film.
D’une part, le personnage d’Ingrid, magnifiquement incarné par une Julianne Moore lumineuse et très juste : sa gentillesse, sa présence discrète et son amour envers Martha sont beaux, parce qu’ils tiennent d’une forme d’inconditionnalité et s’incarnent dans un respect a priori et total de l’autre. La façon dont Ingrid collecte discrètement les livres pointés puis dédaignés par son amie, par exemple, fait partie des jolies trouvailles du film. Un personnage aussi entièrement lumineux et positif est une bouffée d’air frais.
D’autre part, le traitement du sujet (le choix des conditions et du moment de sa propre mort) est une réussite : le film, dénué d’apitoiement et de dramatisation, installe néanmoins une forme de gravité qui tient en fait de la dignité. Qu’il ne questionne jamais la légitimité de la démarche de son personnage (Martha, incarnée par Tilda Swinton) est aussi très beau, important – et c’est là que se trouve la portée politique du film.