Il y a deux films dans ce dernier opus d'Almodovar. Le premier, ce sont ces deux femmes solidaires, qui se tiennent côte à côte, comme on le voit dans les plans, et se soutiennent mutuellement. Il est peut-être trop signifiant que le personnage de Julianne Moore soit terrifiée par la mort au point d'avoir tenté une catharsis en écrivant un livre sur le sujet, mais reste que cette partie du film est belle, dans tous les sens du terme : d'abord de voir ces personnages faire attention à vivre ensemble et nous montrant l'entraide et la complicité, mais aussi visuellement, avec les couleurs, la lumière, alors que plus le personnage de Tilda Swinton se rapproche de la mort, plus les scènes sont lumineuses et larges.
Mais, entremêlé à tout ça, il y a la deuxième idée du film, et là cela ne fonctionne plus aussi bien. Dans les récits de la journaliste et dans les à-côtés de l'auteure, Almodovar semble vouloir profiter de son tournage en langue anglaise pour radiographier ce qu'il pense des U.S.A, et l'ensemble se transforme en cahier des (à) charge(s). Guerre du Viêt-Nam, guerre en Irak, intégrisme religieux, peur panique du changement climatique virant au complotisme, tout y passe.
En soit, je suis d'accord avec ce que nous dit Almodovar, je n'irais certes pas le contester, mais l'impression que tout ça ne sert que de support à un message à envoyer m'a gâché le plaisir. Pour autant, j'ai quand même bien aimé la scène avec le coach sportif. Voilà, je ne suis pas cohérent.
Je dirais que ce film vaut la peine d'être vu, car il y a, comme je l'ai dit dans le premier paragraphe, de la beauté. Les adeptes du "film à message" y trouveront sans aucun doute leur compte. Mais même sans cela, le portrait simple et apaisé de deux amies face à la mort, c'est déjà quelque chose, non?