« La chambre d’à côté » ne restera pas comme le film le plus représentatif ou personnel de son auteur. Est-ce lié à son passage outre-Atlantique (décor américain peu exploité ; tout aurait pu se passer dans son pays d’origine), ou bien du roman dont il est adapté ou encore au thème sensible de l’euthanasie ?
Quoi qu’il en soit, le style du plus acclamé des réalisateurs espagnols parait ici plus en retrait : moins de couleurs, d’excentricité, d’humour/d’émotions et de détours narratifs (malgré quelques flash-back dispensables au début) .On pourrait appeler ça de la pudeur (logique vu le sujet), de la sobriété voir de la maturité. Le résultat est qu’on s'ennuie légèrement devant ce drame assez banal (2ème partie théâtrale avec son unité de lieu) et attendu (le dénouement est clairement annoncé par Ingrid avec cette histoire de « porte fermée »); à l’exception des dernières scènes
avec le retour fantomatique d’une Tilda Swinton rajeunie dans le rôle de la fille de Martha (de-aging ? maquillage ? le résultat est en tout cas réussi).
On reconnait tout de même la patte Almodovar dans le portait sensible de ces 2 femmes d’âge mur qui profitent de cette occasion pour faire un bilan sur leurs vies professionnelles et sentimentales (à ce titre, le personnage de John Turturro est totalement artificiel avec ses grands discours sur le réchauffement climatique & co). Julianne Moore et Tilda Swinton, en harmonie, en profitent pour livrer deux belles performances tout en douceur et simplicité (aucun surjeu comme elles peuvent en être parfois coutumières).
C’est peut-être avant pour elles que Pedro Almodovar a décidé de tourner dans la langue de Shakespeare.