Derrière la porte, pulsions de vie d'une chronique de l’amitié et d’une mort annoncée. Dans ce quasi huis clos, Almodóvar nous surprend et change son style. Il soulève le tabou de la mort et de de l’aide à mourir . À certains moments, il prend presque la forme d’un thriller. À d’autre un plaidoyer en faveur du droit de mourir dans la dignité. Il met en scène deux femmes (Juliane Moore et Tilda Swinton) qui engagent un dialogue entre la vie et la mort. Une demande de suicide assisté, une maison retirée (mais luxueuse) comme antichambre entre les vivants et les morts. Une porte rouge, ouverte ou fermée pour souligner le passage dans l’autre monde. Une demande qui bouleverse une amitié profonde et transforme le personnage de témoin, celui qu’interprète Julianne Moore, qui sublime la situation avec ses propres mots, le recours à la parole, à la littérature. Elle évoque les « Gens de Dublin », la neige qui tombe sur la plaine, les collines, tombe sur le cimetière solitaire et sur les pierres tombales et sur tous les vivants et les morts. Les émotions oscillent entre gaité, mélancolie, angoisse et toujours avec l’expression d’une empathie extrême entre les 2 actrices qui vivent un moment unique : traverser ce passage vers la mort et l’autre et transmettre sa force. Ce n’est pas un duo, ce face-à-face entre deux femmes, mais un trio : deux femmes avec la mort entre elles. Reste la question: qu’est-ce qui détermine la volonté de mourir ? Peut-on connaître avec certitude les motifs qui poussent quelqu’un à désirer la mort ? Un grand rôle pour Tilda Swinton, qui incarne celle qui va mourir ainsi que le rôle de sa fille avec ses regrets, ses angoisses et ses doutes, Julianne Moore parfaite dans un rôle qu’elle habite avec sensibilité et émotion.