Roger Corman a fait ses meilleurs films en s'inspirant des Histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe et en collaborant avec Richard Matheson. Ce n'est pas tant le matériel qui donne l'intérêt du film (les histoires de Poe sont très courtes) que l'enrobage du sujet, même si l'on a connu des intrigues moins compliquées que celle de la Chambre des Tortures.
Le début ressemble à celui de la Chute de la Maison Usher. Au XVIème siècle en Espagne Francis Barnard (le fade John Kerr) se fait inviter dans un château pour revoir une dernière fois sa sœur décédée qui était l’épouse du comte Don Nicholas (Vincent Price éploré). Le château richement décoré recèle dans ses sous-sols remplis de toiles d'araignée une curiosité peu commune: une chambre des tortures en état de marche.
Pendant plus d'une heure le film est plutôt du théâtre filmé. La gravité du sujet est prise à contre-pied par Roger Corman dans une intrigue complexe qui flirte avec le théâtre de boulevard. Le comte éploré qui se lamente ne sait pas que sa douce épouse disparue ( l’effrayante Barbara Steele) a tout simplement décidé de vivre avec le meilleur ami du comte : son docteur. Mais elle se cache encore dans le château pour effrayer Don Nicholas et essayer de le faire mourir de peur. Ce thème de la machination destinée à rendre fou, inspiré de Vertigo, se rencontrera plusieurs fois dans le cinéma bis.
Dans le dernier quart d'heures commence enfin la nouvelle d'Edgar Poe. Le père de Don Nicholas, le Grand Inquisiteur, se réveille (Vincent Price en vrai psychopathe). Dans la chambre des tortures Francis Barnard se retrouve attaché sous un pendule qui descend progressivement et dont le tranchant risque de le couper en deux à chaque oscillation.
Ainsi en est-il de la position périlleuse du centriste. Menacé aussi bien par son extrême gauche que par son extrême droite sa marge de manœuvre diminue avec le temps jusqu'à ce que sa situation devienne intenable. Il ne faut pas réveiller les vieux fantômes !