J'ai un peu tardé pour faire la critique de ce film. Il a même fallu que je revoie certaines parties tellement je n'ai pas été convaincu par ce western.
Pour rester sympa surtout face à Walsh qui est un grand réalisateur et a contribué à de nombreux chefs-d'œuvre, je vais dire que ce dernier western contient de bonnes idées, des passages très intéressants mais reste bancal, très inégal et au final, pas très crédible (malheureusement).
Parmi les choses "bien" du film, il y a trois acteurs Troy Donahue, Suzanne Pleshette et James Gregory.
Troy Donahue joue le rôle d'un jeune officier, Lt Hazard fraîchement issu de West Point. Il est pétri de valeurs positives et de rigueur qu'il cherche à mettre en application dans sa vie militaire. La scène au début du film où il remet sèchement à sa place un sergent qui refuse de prendre en charge un éclaireur indien est super bien et augurerait bien de la suite. A noter que le nom du lieutenant signifie au premier sens, "danger" ou "péril" ... Pourquoi pas ! Mais qu'en tire Walsh ?
Suzanne Pleshette joue très bien son rôle de femme déçue par la vie qu'elle mène au fort en présence de son mari uniquement préoccupé de sa carrière et qui finalement n'a guère qu'un seul ami un géranium (pas très en forme, faut bien dire). Elle apporte une touche de sensualité et d'humanité dans le film, ce qui est très appréciable. C'est aussi une actrice que j'avais bien apprécié dans "Nevada Smith"
James Gregory joue le rôle du général Quaint qui est un vétéran des westerns et que j'apprécie ici car il émaille son discours de citations de Ciceron, Tacite et Virgile avant de se citer lui-même. Ca n'apporte rien mais c'est amusant.
La réalisation est impeccable et digne du vieux metteur en scène en particulier les scènes de bataille. Le film est tourné en scope et présente de beaux paysages
Parmi les choses "perfectibles" (comme on dit dans les stages de management)
Le scénario est un peu bancal. Plein de bonnes intentions à savoir montrer la vie d'une garnison sous un éclairage un peu cru, il présente des scènes bizarroïdes comme ce procès bidon et vite fait sur le gaz mettant en cause les officiers du fort face aux Chiricahuas et au maquereau/trafiquant Seely Jones. D'ailleurs, Walsh ne tirera pas partie de cette action qui est a priori démagogique.
De même quelle idée que cette scène hallucinante au Ministère de la Guerre où le Lt Hazard et le général latiniste mettent pratiquement le couteau sous la gorge (au figuré) du ministre devant des journalistes. Bonjour, la crédibilité ! Mieux, le général prend carrément le téléphone des mains du ministre pour s'adresser au président qu'il connait très bien et qu'il traite en copain de toujours. Là encore, ce n'est pas réaliste et je pense que le scénariste aurait pu montrer un peu plus de subtilité. Le problème est que de telles scènes cassent complètement le film en mettant le spectateur face à une situation invraisemblable. Surtout quand on connait la triste réalité !
C'est comme la scène du bordel ambulant : elle a l'avantage de détendre un peu l'atmosphère mais l'attitude rigide voire compassée du lieutenant est incompatible avec son propre comportement où il trompe sa fiancée (absente à ce moment) avec l'épouse du lieutenant parti en mission. Mais de cette distorsion scénaristique dont Walsh pouvait faire quelque chose d'intéressant, le cinéaste n'en tire rien. Sinon qu'il fait tirer au canon à travers le campement des prostituées et du maquereau.
Un autre truc qui ne m'a pas semblé très heureux, c'est la musique tonitruante et sans nuance qui est omniprésente et finit par être envahissante.
"La charge de la 6ème brigade" est le dernier film de Walsh qui conclut une carrière très riche. J'aurais bien aimé dire que c'était super.
Malheureusement, il me faut bien avouer qu'il y a, dans ce western de bonnes choses et de très bonnes idées mais qu'elles sont gâchées par un scenario pas assez travaillé, tiré par les cheveux et limite invraisemblable, qui m'empêche d'y croire.