La charge de la brigade légère

Ce film réalisé par Tony Richardson en 1968 fait partie du renouveau du cinéma britannique qui remettait en cause beaucoup de certitudes et de croyances relatives à l'invincible armée britannique, en particulier. En 1968, sortait aussi un film "play dirty" de de Toth, qui ne donnait pas non plus une image très glorieuse de l'armée britannique pendant la 2ème guerre mondiale.
J'attendais beaucoup de la "charge de la brigade légère", considéré par la critique comme un film anti-militariste.
Effectivement, le message est très clair sur l'incompétence des chefs lors de la bataille de la Balaklava en Crimée en 1854, sur les conséquences désastreuses d'ordres puis de contre ordres mal transmis et mal exécutés. L'armée britannique d'alors semblait commandée par des lords qui jouaient aux chefs de guerre et géraient eux-mêmes et les recrutements et les régiments. Evidemment, c'était un peu chacun pour soi…
En fait, j'ai plutôt été gêné par la forme qui tend à donner une image burlesque du problème posé. Les acteurs sont un peu caricaturaux ; Lord Cardigan, responsable de la brigade légère (Trevor Howard) est tellement ridicule ou/et abject qu'il n'en est pas crédible. De même, le général en chef, lord lui-même, vieux routier des guerres napoléoniennes, qui oublie que les français sont maintenant alliés et non plus ennemis. Le capitaine Nolan, jeune officier ambitieux, essaie de secouer la torpeur qui règne au sommet de la hiérarchie militaire mais, lui-même n'est pas exempt de défauts non plus et a tendance à vouloir faire cavalier seul (sans jeu de mots) mais oublie que l'armée c'est d'abord affaire de discipline.
On est dans un style qui n'est pas sans rappeler la façon de faire des Monty Python. Par exemple, les animations qui coupent le film régulièrement pour informer le spectateur du contexte et de la situation sont amusantes (le lion anglais et l'ours russe) donnent un petit caractère pas sérieux susceptible de démotiver le spectateur.
Personnellement, j'ai toujours eu un peu de mal à adhérer à ce type d'humour dont je finis toujours par me demander quelle est la part du lard ou du cochon. Ce qui est dommage pour un film qui se veut démonstratif...
Parmi les bonus du DVD qui m'a permis de voir ce film, il y a un petit film muet réalisé en 1912 qui relate la même histoire, une interview intéressante de Christophe Champclaux ainsi que le poème de Tennyson qui décrit cet inutile massacre