Grand classique du film d’aventures, La charge de la brigade légère revient sur les événements qui ont mené les cavaliers du 27e Lanciers à l’attaque suicidaire de l’artillerie russe, à Balaklava, lors de la guerre de Crimée. On n’est pas ici dans un film historique, mais plutôt dans une fiction narrée dans un cadre historique, et dont beaucoup d’éléments renvoient à des faits réels. On pourra trouver certains ressorts du scénario un peu usés, voire naïfs, notamment la confrontation entre le soldat expérimenté qu’est Vickers et ses supérieurs qui semblent ne pas bien saisir la portée de ce qui se passe en-dehors de leur fort. Mais c’est Michael Curtiz qui est derrière la caméra, un des plus grands noms du cinéma de la première moitié du 20e siècle, et il fait éclater ici son talent de narrateur, en rendant ses personnages très vivants grâce à son souci du détail, et à son humour habituel qui allège le récit sans effacer son caractère héroïque et dramatique. Sa mise en scène ample nous rappelle que des Steven Spielberg ou des Ridley Scott ont eu des prédécesseurs au moins aussi talentueux qu’eux. De fait, si la musique parfois pesante de Max Steiner alourdit un peu le film, la poignante scène du massacre de Chukoti par Surat Khan ou l’épique charge finale sont appelées à rester dans nos mémoires comme de grands moments de cinéma, qu’on oubliera difficilement.