C'est sous le signe de l'épopée et de la grande aventure que Michael Curtiz a choisi de placer son film, gommant volontairement les erreurs tactiques qui firent de cette fameuse opération de cavalerie un véritable bain de sang inutile et stupide. 32 ans plus tard, la version de Tony Richardson, tournée en Angleterre et non à Hollywood, dénoncera au contraire avec mordant la charge en question, révélant l'incapacité des officiers qui la conçurent, et qui fait tâche dans l'Histoire britannique.
Pour Curtiz et pour Hollywood, le spectaculaire et le style épique sont plus importants que l'Histoire, même si le côté militaire, qui plus est britannique, est glorifié à l'extrême. Ce n'est qu'après le considérable succès obtenu par les Trois lanciers du Bengale en 1935, produit par la Paramount, que la Warner accepta l'idée d'un film "colonialiste", mais l'histoire fut complètement remaniée et une grande partie de l'action se situe aux Indes. Curtiz passé maître dans le domaine du film d'action à grand déploiement de figurants, organise de façon magistrale ce qui reste comme l'un des plus beaux exemples du film d'aventure hollywoodien dans toute sa splendeur, avec l'aide de son acteur fétiche Errol Flynn qui est en tous points remarquable, on sent leur complicité. Et le voir chargeant à la tête de ses lanciers, est un de ces moments inoubliables dont le cinéma hollywoodien d'autrefois avait la spécialité. Le reste du casting comprend l'inévitable Olivia de Havilland et quelques bons acteurs de second plan, parmi lesquels on remarque le jeune David Niven dans le rôle d'un officier. Un film magnifique.