Le cycle de la cavalerie se poursuit, un an après Fort Apache sort La Charge Héroique qui se situe dans la continuité historique, puisque commençant juste après Little Big Horn, sujet déguisé du précédent et thématique, avec toujours la vie d'un fort paumé et de sa garnison, avec ce bon John Wayne en vieux briscard et les habituelles trognes dégénérées en seconds rôles de luxe...
Un des films préférés de mon enfance, je ne me lassai pas de le revoir... J'aime son technicolor un peu improbable, ses petits détails merveilleux, le lever du capitaine par Victor McLaglen qui me donne presque envie de me réveiller à 5h du matin, la mauvaise habitude de la chique, les blagues des sudistes contre les yankees, Joanne Dru qui hésite entre ses deux hideux lieutenants, et puis, Ben Johnson est formidable en jeune sergent qui en remontre même au vieux John...
Oui, parce que John, malgré sa petite quarantaine, joue ici un vieux qui s'approche de la retraite après quarante ans de service... et c'est fou comme il en est émouvant, la moustache encore fière mais tombante, le dos qui se voûte, les gestes qui ralentissent, et toute la triste expérience du monde au fond des yeux...
Dernière patrouille du vieux dur à cuire, sous grande tension avec les tribus indiennes, toujours ces fichus employés des affaires indiennes qui trafiquent de l'alcool et des armes, comme si c'était pas déjà assez compliqué comme ça, avec les jeunes chefs qui s'échauffent, les vieux sages qu'on écoute plus, et puis ces deux fichues femelles qui s'imposent dans la troupe...
Ce qui est bien tout de même, c'est que John n'a plus à se taper ce vieux pète-sec de Fonda comme chef, et George O'Brien, dans un rôle presque similaire à celui de Fort Apache, est une vielle ganache bien plus coulante, ce qui repose tout de suite beaucoup.
Un western mélancolique en diable qui n'oublie jamais de nous servir des scènes de pure jouissance, comme la visite au saloon de Victor McLaglen déguisé en civil... Du bonheur à la petite cuillère...