Derrière une histoire basée sur une accusation de pédophilie et ses conséquences, Tomas Vinterberg a souhaité mettre en lumière un des pires fléaux de l’Humanité et qui, probablement, la mène à sa perte : son incroyable capacité à s’autodétruire par un trop grand instinct de préservation menant à la bêtise, l’absence de libre-arbitre et une trop grande influençabilité lorsqu’il s’agit un groupe de minimum deux personnes.
Vinterberg parvient alors un tour de force tout à fait glaçant. Il rend le spectateur omniscient puis le confronte à ses doutes. Il délivre un message clair qui fait bouillir petit à petit de l’intérieur, nous rendant témoin d’une injustice plus que dégueulasse. Et il n’y va pas de main morte : le héros subit, tête basse, les pires ignominies. Malgré tout, il suffit de quelques plans, de quelques phrases pour que nos certitudes se fêlent.
« Et si… ? »
Les yeux embués de larmes, on arrive tout de même à se poser la question. Et quand sonne la fin, une vague de honte nous envahit, de l’avoir à peine penser. Et c’est ici que le film prend son sens : personne n’est à l’abri de croire cet homme coupable. Cependant, Vinterberg va plus loin dans son épilogue en démontrant que la haine que peut emmagasiner un être humain est très souvent supérieure au pardon et s’enracine dans l’orgueil. Même innocenté, le héros restera coupable dans une grande partie de la mémoire collective. Cela nous laisse à penser que l’être humain a besoin de bouc émissaire pour exercer sa haine et qu’il est plus facile de frapper à homme à terre que de lui tendre la main.