Frustrant. C'est le premier mot qu'il me vient à l'esprit lorsque je pense à ce film. Je n'ai d'ailleurs toujours pas réussi à décider si ce film est abominable ou tout simplement brillant. Le contexte est amené très sobrement; Lukas est un homme timide, un peu maladroit mais tout ce qui a de plus gentil. Il s'applique quotidiennement dans son rôle d'instituteur dans un jardin d'enfant. Tout part alors d'un mensonge, prononcé par une enfant après avoir visionné malgré elle une scène pornographique. Et puis tout s'emballe, une institutrice naïve et sans une once de bon sens, parvient de manière assez incroyable à transformer le mensonge enfantin d'une gamine désorientée en fait avéré de pédophilie, et ce en un temps record. Elle fait appel à un pédopsychiatre oppressant et des plus incompétents, qui pousse une gamine pressée de retourner jouer, à confirmer un scénario rocambolesque par de simples hochements de tête. Elle répand la nouvelle parmi les parents d'enfants, les transformants en de véritables bêtes assoiffées de sang, et non contente d'en avoir oublié jusqu'à l'existence de la présomption d'innocence, va même jusqu'à impliquer la famille du principal concerné.
Alors si le but du film est de transformer le spectateur en une boule de frustration, il est extrêmement réussi ! Les habitants du village, caricaturés au possible, semblent complètement dépourvus de bon sens, se retournant sans demi-mesure envers cet homme qui était leur ami. S'ensuivent des dialogues de sourds, laissant Lukas dans l'incapacité de se défendre puisqu'on lui refuse même jusqu'à la connaissance des faits dont on l'accuse. Pour dire vrai, la seule raison qui m'a poussé à aller au bout du film, c'est le besoin de connaitre le point final, de me libérer de cette frustration qui sans ça m'aurait suivit pour un temps encore.