On connaissait déjà, aussi dans le genre drame social, le Festen de Thomas Vinterberg. Mais ça c'était avant ! C'était avant La Chasse : uppercuts aux bides de la bien-pensance et de nos petites sociétés hypocrites comme on n'en avait pas vus distribués depuis longtemps...
Parce que non, les enfants ne disent pas toujours la vérité (c'est quoi d'ailleurs cette idée d'inconscients ???) et puis non, la plupart de tes amis quand ils te disent que c'est pour la vie, c'est seulement au cas où il n'y a aucune épreuve dedans... Mais surtout, c'est la communauté, la petite bourgade où chacun fait semblant de s'aimer par intérêt, où chacun se fait des grands sourires tellement sincères mais ragote dans ton dos à la moindre occasion de suspicion, et où la meute se jette sur sa proie sur de simples "on-dit", avant même que celle-ci n'ait eu le temps d'en être informée. Bienvenue dans le monde merveilleux du groupe social où t'as pas intérêt à avoir la poisse sinon t'es mort ! Et à jamais, parce qu'il reste toujours quelque chose d'une affaire classée même en faveur de l'accusé et sans le moindre doute...
Il faut dire que La Chasse a cette faculté à te remuer les tripes, à te révolter contre les réactions du tout un chacun, à te dire que putain, ce genre de conneries, ça pourrait même t'arriver... Mais alors d'une force ! Le genre de films à te faire baisser les effectifs de l'Education Nationale, des crèches et de tous les métiers au contact d'enfants tellement c'est flippant ! En même temps, voir le personnage robuste et sympathique de Mads Mikkelsen descendre une à une les marches de l'enfer, sans ne pouvoir rien y faire à part te lancer des regards qui tuent, sans même pouvoir acheter ses petites côtelettes au supermarché du coin, mais surtout sans rien savoir de ce qui se dit autour de lui, ça calme ! Parce que c'est clair qu'en matière de ragots, t'es toujours le dernier informé. Elle est pas belle la vie ?
Mais heureusement, si la majorité crédule et ne sachant maîtriser un tant soit peu ses passions (certes compréhensibles), d'autres êtres plus rares, et un peu plus conscients de ceux qui les entourent, des amis ou des proches qui savent, ou du moins essayent de lire dans les coeurs, seront la lueur d'espoir au milieu de cette triste humanité où même lorsqu'un enfant se rétracte on va automatiquement lui parler de refoulement, sans jamais l'écouter ou essayer de comprendre. Parce que c'est bien ça le problème : l'écoute. Hé ho ! Y a quelqu'un ? Et tu vas arrêter de porter ta gosse aux nues en me racontant qu'elle n'a jamais menti de sa vie, stp !
Toutefois, si La Chasse m'a carrément pris aux tripes, je dois aussi admettre que la manière dont la fillette monte son histoire en épingle, après une simple contrariété, ne me convainc pas entièrement. Attention, je ne dis pas que ce n'est pas cohérent, m'enfin ça me semble quand même peu vraisemblable... Rha, et puis la lâcheté de cette Grethe, comme cet incompétent de psy, comment j'ai eu envie de les baffer ! C'est possible de tirer des conclusions aussi hâtives face à la confusion évidente d'un enfant ? J'en ai bien peur malheureusement...
Bon, le fils manque également d'un peu de diplomatie, mais à ces quelques détails près, La Chasse fait un sans-faute, évitant les écueils de ce thème ô combien casse-gueule, et s'avère très bien rythmé, d'une efficacité redoutable, nous agrémentant même d'une touche mystérieuse avec son épilogue très bien senti.
Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien, mais surtout faire attention à ces chiens d'humains... Et à la parano.