D'emblée ford pose les fondations du western avec ses personnages qu'on retrouveras tout au long du genre: le doc alcoolique, la fille perdue au grand cœur, le clan des affreux, le héro sans peur, le bourgeois intolérant, la dame comme il faut coincée mais gentille, le joueur ayant pour tout bagage son jeu de cartes, bref une société en miniature. Les thèmes aussi sont fixés, la vengeance, la rédemption par l'amour, la marginalité repoussée vers l'ouest par l’avancée de la civilisation, la piste (la route, thème américain par excellence). Le film demeure un modèle 80 ans après, avec un travail formidable sur la lumière, des cadrages innovants, et toujours ce formidable humanisme de ford qui ne porte jamais de jugement moral sur les motivations des personnages. Et puis il y a ce soin maniaque dans le choix des seconds rôles qui sont tous "bigger than life". Il est d'ailleurs amusant de noter qu'on vas les retrouver 30 ans plus tard dans le quasi dernier film de ford et chef d'oeuvre de l'histoire du cinéma "l'homme qui tua liberty valence", belle preuve de fidélité s'il en fut. Bref, voyez, revoyez, disséquez car c'est une leçon de cinéma.