Classique du cinéma qui lança John Wayne, 32 ans alors, très bien, déjà charismatique dans un beau personnage de truand avec un cœur. Et le casting est fabuleux : George Bancroft, que j’ai vu il y a quelques mois dans « Les damnés de l’océan », tourné dix ans plus tôt, ici, solide en marshal,
Thomas Mitchell hilarant en docteur alcoolique qui saura pourtant faire preuve de sobriété au bon moment, John Carradine mystérieux en protecteur de Louise Platt, en femme enceinte très froide envers l’adorable Claire Trevor, incarnant ici (ce qui n’est jamais dis clairement) une ancienne prostituée. Chacun des sept protagonistes à des traits de personnalités bien uniques, ce que John Ford adore : ainsi, quasiment tous sont traités comme des êtres humains, une partie a des a priori sur d’autres qui vont explosés au fur et à mesure du voyage.
Il y a pas mal de tendresse dans ce film, des regards, des paroles qui disent beaucoup de choses, sans que ce soit trop cul cul la praline, il y a une certaine pudeur dans les sentiments.
Il y a quelques clichés et un dénouement très prévisible et certaines séquences sont très longues mais sans qu’il y ai le moindre répit, John Ford avec sa caméra discrète, son goût pour les gros plans sur les visages, filme les échanges, parfois ciselés, et les morceaux d’humanité qui se dégagent de presque chaque protagoniste. On s’ennuie pas vraiment pendant l’heure et demie que dure le long-métrage.
Ce qui intéresse John Ford : ce sont les personnages, le reste, il s’en fout. L’histoire pourrait être n’importe laquelle, ce qu’il veut et aime : c’est observer, presque comme Robert Altman sans cynisme toute fois, des êtres se découvrir. Les deux femmes ont de très beaux rôles, ce sont des femmes fortes, pas insensibles au charme et à la protection des hommes, mais là presque aucun sentimentalisme, ainsi que lorsque l’attirance – réciproque – pour Ringo (John Wayne) envers Dallas (Claire Trevor) se fait à coups de regards très discrets – il n’y aura Jamais de déclaration d’amour enflammée, jamais de baiser, juste beaucoup de tendresse envers deux êtres qui sont jugés par les autres passagers (excepté le docteur et le marchand de vin) pour leur passé peu glorieux et qui espère t-on auront droit à une seconde chance.
La grosse scène d’action du film : lorsque les hommes de la diligence se battent contre les indiens est comme une pause bienvenue – ça permet de secouer le spectateur.
La seule fausse note du film est la bande-originale, excessive.