La politique n'a jamais été jusqu' à "La chinoise" absente des films de Godard. Mais "La chinoise" ouvre un cycle résolument politique.
Dans ce film, Godard explique, sans vraiment jouer les militants, en quoi et pourquoi le maoïsme émergeant est la véritable voie communiste à suivre, considérant le régime de Moscou et son satellite le PCF comme pervertis.
La révolution prolétarienne et comment elle doit s'accomplir dans la société occidentale relèvent ici d'une dialectique et d'une réflexion plutôt absconses, souvent exprimées au moyen de maximes et de commentaires, dits ou écrits, lapidaires, comme des slogans. A revoir le film trente ans plus tard, le dogmatisme plus ou moins radical incarné par Anne Wiazemsky et Jean-Pierre Léaud a ce caractère obsolète attaché aux exaltations gauchistes post-soixantehuitardes.
Pour ce qui est de la mise en scène, on ne quitte pas l'appartement de Véronique, à l'exception d'un petit trajet didactique en train de banlieue, où quelques comédiens disent leur conviction maoïste et feuillètent le petit Livre Rouge, répondent aux questions inaudibles de Godard tel que dans un reportage, interprètent de petites scènes qui rappellent le théatre politique intello..et ennuyeux de l'époque.
Quoique curieux des inventions de Godard, je reste plutôt dubitatif devant le discours et la méthode, et rétrospectivement, bien peu tenté par l'aventure maoïste!