Et plus dure sera la chute ... [spoilers]

Avril 1945. L'armée rouge a atteint les portes de Berlin, la hargne aux tripes.
Ça sent le sapin pour le III° Reich, et les prémices de sa chute se font sentir.


Le film retrace les derniers jours du Führer, de ses proches et ses collaborateurs, retranchés dans le bunker sous la Chancellerie, tel un huis-clos oppressant.
Mais pas que. Dans les rues, juste au-dessus de leurs têtes, tout fout le camp. L'armée allemande, ou plutôt ce qu'il en reste, peine à ralentir l'envahisseur qui l'a poursuivie depuis le front de l'Est. La population est maintenant prise sous les tirs russes. Les jeunesses hitlériennes, enfoncées dans le fanatisme, sont lâchées dans les rues pour jouer à la guerre. Rien ne pourra sauver l'Allemagne de sa propre folie et de celle qu'elle aura provoquée.


Hitler, interprété magistralement par Bruno Ganz, se montre tantôt tyrannique avec certains, tantôt courtois et quasi-paternel avec d'autres, comme avec sa secrétaire, la jeune Traudl Junge. Il nous apparaît tel un être humain en proie à tout, et c'est ça, qui est terrifiant. Il est l'image même du massacre à échelle mondiale, mais ce n'est qu'un homme... un homme fou, mais rien qu'un homme. Merci à Bruno Ganz pour son talent.


L'armée rouge referme le piège tandis qu'Hitler perd tout sens des réalités (à supposer qu'il ai été sain d'esprit un jour, ce dont je doute). Il pique des crises de colère au son du mot capitulation, s'enfonce dans des stratégies irréalisables. Son régime se casse la figure pour laisser place à un foutoir sans nom. Mais à qui la faute ? Pas à lui, non ! La faute au peuple allemand, indigne de lui, qu'il abandonne dans les rues. La faute aux soldats, bande d'incapables. La faute a son état-major, qui ose débattre ses ordres, prendre des initiatives, trahit impunément etc..
Les fidèles des premières heures calculent... Les faisans dorés s'éparpillent, entre les défaitistes qui pensent à la mort ou la fuite, les optimistes qui imaginent la possibilité d'une paix séparée, les opportunistes qui attendent que le pouvoir change de main.
Une dernière chasse aux sorcières est lancée. On destitue les lâches, on abat les traîtres, le couperet tombe pour le moindre mot de travers. Au milieu de cette pagaille, Eva Braun est sur un petit nuage, sous peu, elle épousera son Führer, tandis que Traudl Junge tremble à la simple pensée de la proximité des russes. D'autres s'enivrent entre quelques prises de décisions et de débats quant à la meilleure façon de se supprimer.
C'est un chaos irréel auquel on assiste et on se demande à ce stade du film, sur quelle planète on a échoué, et ce même si je ne doute pas de la véracité des faits.


Hitler se supprime, amorçant la chute de son régime ; le bunker et ses alentours se transforment en mausolée, entre suicides et meurtres organisés.
La population livrée à elle-même, fuit l'armée russe tandis que des fanatiques SS exécutent sommairement ceux qui refusent de se battre. Ce chaos sans nom se poursuit jusqu'à l'annonce de la capitulation.
La chute est totale ... nous sommes le 8 Mai 1945.


Le film retrace la fin du III° Reich tout en restant neutre et détaché. Peu de combat ici, c'est avant tout l'aspect psychologique qui est percutant.
L'interprétation de la majorité des acteurs est excellente, la réalisation est également soignée. À noter que ce film est allemand et met en lumière cette partie de son propre passé sans parti pris et sans tomber dans la caricature grotesque.
Pas facile de porter à l'écran ce tronçon de l'Histoire avec les personnages concernés, mais Oliver Hirschbiegel l'a fait avec brio.


Difficile de sortir indemne du visionnage de ce film, tant il donne à réfléchir. Chute d'un régime criminel aux idées abjectes, chute de ses architectes et tout ça pour quoi ... des morts par millions ou comment l'humanité a saignée et a été déchirée au nom d'une idéologie, d'une folie lancée par une poignée d'hommes, qui ont fini tels des lâches.


Bref, La Chute, un film à voir, tant il est percutant sous bien des aspects.

OpalineKat
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le 21 déc. 2016

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OpalineKat

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