Petit gangster ambitieux et sans scrupules, Jack "Legs" Diamond va connaitre une fulgurante ascension dans le monde du crime, mais le plus dur dans ce milieu, c'est de rester au sommet...
Sortie en 1960, La chute d'un caïd renvoie inévitablement aux films de gangsters typiques des années 1930 et annonce aussi la réadaptation de Scarface par De Palma en 1983. Budd Boetticher braque sa caméra sur ce jeune, puissant et ambitieux gangster ayant vraiment existé et qui va très vite monter les échelles dans le milieu du crime organisé.
Mené tambour battant par Budd Boetticher, il ne nous laisse guère de répit et donne une atmosphère nerveuse à son oeuvre. Néanmoins, La chute d'un Caïd pêche par quelques défauts d'écriture alors que la mise en scène de Boetticher se montre plutôt à la hauteur. Parfois trop survolé, notamment les seconds rôles, les personnages manquent souvent de consistances et tombent parfois dans un côté trop caricatural. Pourtant, c'est loin d'être totalement préjudiciable, notamment par la façon dont Boetticher orchestre son récit et instaure une atmosphère fataliste retranscrivant les tourments et la noirceur de l'âme humaine.
Il instaure une tension palpable dans les moments forts et sublime plusieurs scènes qui deviennent marquantes. Il use d'une magnifique photographie en noir et blanc qu'il exploite à merveille et il fait accompagner son récit d'une belle partition aux touches jazzy. Les interprètes s'en sortent très bien, que ce soit Ray Danton dans le rôle principal ou Karen Steele et Elaine Stewart dans ceux féminins. Un vrai charme se dégage du film, dû notamment à l'accent fataliste que prend l'oeuvre et l'impression que l'étau se refermera, quoi qu'il arrive, sur lui.
Budd Boetticher redonne ses lettres de noblesse aux films de gangsters et met en scène la fulgurante ascension de l'un d'eux, avec tension et noirceur malgré quelques maladresses qui ne sont pas non plus préjudiciable.