Vu avec la bande sonore de Joaquim (qui est bien supérieures aux anciens accompagnements). Puisque la musique est essentielle pour les métrages muets - elle a tous les rôles à remplir à la fois -, le fait de ne pas accrocher à sa nature peut rendre le film totalement indigeste. Ici, additionnée avec les images, elle démultiplie tout simplement l'effet du film et le rend tout à fait moderne et ébouriffant, malgré les presque 90 ans qui nous séparent de sa création.
La chute de la maison Usher en devient juste incroyable, une adaptation de Poe qui ENFIN est littérale, c'est à dire qu'elle s'autorise TOUT, et sans préchi-précha, malgré l'époque, avec des renversements à l'image constamment sensuels, originaux et forts, des propositions esthétiques novatrices et encore aujourd'hui très peu utilisées malgré leur beauté et leur efficacité, tout cela pour servir au mieux le matériel on ne peut plus singulier de l'écrivain. Le poète rencontre le poète. Le film est fatalement original, magistral dans sa construction autour de l'image, du réel et du faux, des figures féminines comme masculines et parvient à déjouer les préconçus du texte original pour en donner de nouveaux horizons (les décors notamment, parfaitement en accord avec le sujet, jamais kitchs ou vulgaires). Un film magnifique, totalement expérimental et totalement sublimé par une musique électro, la rencontre fertile à l'absolu.